Le vrai du faux. Les Américains ont-ils perdu deux ans et demi d'espérance de vie par rapport à l'avant-Covid ?
Selon Jean-François Delfraissy, ancien président du Conseil scientifique, les États-Unis ont beaucoup perdu d'espérance de vie que la France par exemple.
D'après Jean-François Delfraissy, qui était le président du Conseil scientifique en France pendant la crise sanitaire, le Covid-19 a plus profondément marqué les États-Unis que les autres pays développés. Alors même que le pays a "énormément innové, qui ont trouvé des médicaments, trouvé dans une certaine mesure les vaccins", notamment celui du laboratoire Pfizer, Jean-François Delfraissy note que "c'est là où la perte de durée de vie est beaucoup plus importante. Ils ont perdu 2,6 années, alors que par exemple la France a perdu 0,3 années."
Cette affirmation est vraie. Ce sont les conclusions des Centers for Disease Control and Prevention ou CDC, les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies aux Etats-Unis. Selon eux, l'espérance de vie a d'abord chuté très brutalement en 2020, d'1,8 ans, puis il y a eu une deuxième baisse l'année dernière de 0,9 an soit exactement 2,7 années en moins. L'année dernière, l'espérance de vie des Américaines était environ de 79 ans, et 73 ans pour les Américains. Et toujours selon les CDC, pour retrouver une baisse aussi importante, il faut remonter près d'un siècle en arrière, à savoir entre 1921 et 1923.
Europe de l'Ouest et du Sud sont revenues au niveau d'avant pandémie
En France, en revanche, ce n'est pas du tout aussi marqué. C'est ce qu'on constate quand on consulte les chiffres de l'Insee pour la même période. Il y a bien eu une perte d'espérance de vie en 2020, mais elle est beaucoup plus faible qu'aux Etats-Unis, et surtout, ça a remonté dès l'année suivante. En 2021, l'espérance de vie étaient de 85,4 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes. C'est quasiment revenu au niveau d'avant pandémie, puisqu'en 2019 elle était de 85,6 ans pour les femmes et 79,7 ans pour les hommes. Et d'après l'Insee, la tendance est la même dans toute l'Europe de l'Ouest et du Sud.
D'après un article de la chercheuse en démographie Magali Barbieri publié dans le très réputé British Medical Journal, c'est en fait une tendance de long terme aux États-Unis. La chercheuse cite notamment les derniers chiffres de l'OMS, l'Organisation Mondiale de la Santé. En 2019, avant la pandémie, les Américaines se situaient déjà au 42e rang mondial pour l'espérance de vie, et les Américains au 41e rang. Selon Magali Barbieri, cette situation s'explique par de nombreux facteurs : forte obésité, inégalités sociales entre autres. Dans un rapport de 2021, l'OCDE note également le faible taux de vaccination complète aux Etats-Unis. Au 1er novembre 2021, seule 57% de la population américaine avait reçu ses deux doses.
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