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Le vrai du faux. Nicolas Sarkozy, "seul candidat à n'avoir rien coûté aux contribuables"

L'ancien président de la République le répète régulièrement. Il est le premier candidat à la présidentielle à n'avoir rien coûté aux contribuables, après le rejet de son compte de campagne.

Article rédigé par franceinfo, Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy assure avoir été le premier candidat à une présidentielle à n'avoir rien coûté aux contribuables (MAXPPP)

Voilà donc ce qu'affirme l'ancien président, notamment lors de son passage mardi 18 octobre sur France Inter"Je suis le premier candidat à la présidentielle qui n'aura donc rien coûté aux contribuables. Puisque j'ai assumé, via ce qu'on a appelé à l'époque le Sarkothon, le remboursement intégral des comptes de ma campagne."

Premier candidat dont le compte de campagne a été rejeté ? 

Non, il y a deux précédents. En 1995, le Conseil constitutionnel estime que les prêts à taux zéros accordés à Jacques Cheminade pour financer sa campagne électorale s'apparent plutôt à des dons. Or les montants en jeu dépassaient le plafond autorisé pour les dons... son compte a donc été rejeté. 

De son côté, Bruno Mégret, candidat en 2002, a dû rembourser 153 000 euros pour avoir fait travailler sur sa campagne électorale du personnel municipal de la ville de Vitrolles pendant les heures de service.

Le candidat Nicolas Sarkozy n'a rien coûté aux contribuables ? 

Faux. En dehors d'une partie des frais de campagne, l'Etat rembourse également les frais d'impression ou de reproduction de la propagande électorale, c'est-à-dire les bulletins de vote, les circulaires et affiches officielles. Contrairement aux frais de campagne, ces dépenses ont bien été remboursées à Nicolas Sarkozy. En 2012, l'Etat, et donc les contribuables, a déboursé un total de 39,7 millions d'euros pour l'ensemble des candidats à la dernière présidentielle.

Par ailleurs, après le rejet des comptes de son candidat, l'UMP a donc organisé un Sarkothon en 2013 pour se renflouer financièrement. Le parti a récupéré environ 11 millions d'euros de dons. Or, les dons aux partis politiques font l'objet d'une déduction fiscale, égale à 66% des sommes versées dans la limite de 20% du revenu imposable.

C'est impossible de savoir combien de donateurs imposables ont bénéficié de cette réduction d'impôt sur le revenu et pour quel montant... mais sûrement une partie puisque c'était l'un des arguments de l'UMP à l'époque pour vanter les mérites du Sarkothon

Suite à cette chronique, Jacques Cheminade a souhaité apporter les précisions suivantes : "En premier lieu, je précise que je n’ai rien dissimulé du tout. Lors de ma campagne présidentielle de 1995, j’ai contracté des prêts sans intérêts auprès de particuliers – les banques ayant refusé toutes les mes demandes – mais ce n’est pas irrégulier : en droit français, un prêt se caractérise en principe par l’intention de restitution et non par la présence ou l’absence d’intérêts. Si le Conseil constitutionnel a décidé de rejeter mon compte car (je cite) 'l’absence de stipulation d’intérêts a, en l’espèce, constitué au profit du candidat un avantage qui doit être assimilé à un don', cette décision ne contient nullement l’accusation d’une 'dissimulation'. Ces prêts ont d’ailleurs été remboursés en partie. En second lieu, l’idée que je serais encore redevable d’une quelconque somme envers l’Etat français est non seulement fausse mais nuit à mon image. En 1995, en plus du non remboursement de mes frais de campagne, il m’a été demandé de restituer le million de francs versés par l’Etat au titre de l’avance forfaitaire que perçoivent les candidats ayant obtenu leurs 500 parrainages. Cette restitution n’a pu être effectuée après la campagne de 1995, me retrouvant en situation de faillite personnelle avec mes biens saisis. Cette somme a néanmoins été remboursée en 2013, lorsque le ministère des Finances, sur ordre du ministère de l’Intérieur, l’a prélevée à la source en y ajoutant au passage 18 876 euros d’intérêts, soit environ 171 000 euros retirés des 249 000 officiellement dûs par l’Etat au titre du remboursement des dépenses de ma campagne présidentielle de 2012."

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