Le vrai du faux. "Pas de coupures d'électricité grâce à l'éco-citoyenneté et aux renouvelables" ?
Malgré des prévisions pessimistes, il n'y a pas eu de coupures d'électricité massives lors de la vague de froid de janvier dernier. D'après Ségolène Royal, il faut y voir le signe d'un essort des énergies renouvelables et la conséquence du comportement citoyen des Français.
Ségolène Royal est venue vanter la transition énergétique en France ce jeudi 9 février sur France Info. Une transition qui commence à montrer des effets concrets, d'après la ministre de l'Ecologie. La preuve :
"Il y a quelques jours, lors du pic de froid, on a eu peur d'une coupure de courant. Et on a observé à cette occasion là, non seulement que plus de 50% des Français ont fait des économies d'énergies. Et deuxièmement, que nous avions évité les coupures de courant grâce à la production d'énergies renouvelables."
"On a eu peur d'une coupure de courant pendant la vague de froid" ?
Vrai.
Avant l'épisode de froid du 16 au 25 janvier dernier, RTE, qui gère le transport d'électricité en France, craignait effectivement de devoir mettre en place des mesures d'urgences.
"La sécurité d'approvisionnement électrique de l'hiver 2016-2017 s'annonce plus délicate à assurer que lors des hivers précédents", prévenait l'entreprise en novembre dernier dans une note sur l'équilibre offre/demande d'électricité.
Deux raisons à cela. D'abord, de nombreux réacteurs nucléaires sont à l'arrêt depuis le début de l'hiver (jusqu'à 21 en novembre, 15 en décembre et 6 en janvier). Ensuite, l'hiver est traditionnellement une période de tension. D'après les estimations de RTE, une baisse de température d'un degré entraîne à une hausse de la consommation équivalente à deux fois les besoins d'une ville comme Marseille.
Plus concrétement, RTE estimait qu'en cas d'épisode avec des températures de plus de six degrés sous les normales saisonnières pendant le mois de janvier, il aurait fallu déclencher des mesures d'urgence (interruption de 21 sites industriels, baisse de la tension, coupures localisées, tournantes et limitées à deux heures).
Sauf qu'au final, cette vague de froid du mois de janvier n'a pas eu de conséquences. "On était en situation très tendue, on n'était pas en marge négative mais en marge très légèrement positive, et on est passé juste-juste sur la pointe de consommation", expliquait alors une cadre de RTE.
"Les Français ont fait des économies d'énergies" ?
Plutôt vrai.
S'il n'y a pas eu de coupures, c'est notamment parce que la consommation d'électricité n'a pas été aussi intense que prévue. Là où RTE envisageait des pics de consommation à plus de 100.000 MW, la consommation réelle n'a jamais dépassé les 94.000 MW.
Signe d'une mobilisation citoyenne ? De fait, un sondage commandé par RTE à l'Ifop est formel : 52% du millier de Français interrogés affirment avoir fait des efforts de réduction de leur consommation électrique pendant les dix jours de la période de froid.
Sauf que chez RTE, on explique que "c'est encore trop tôt pour savoir si ces efforts ont réellement existé et s'ils ont eu un véritable impact sur les niveaux de consommation d'électricité. Il va falloir plusieurs semaines d'analyses".
Par ailleurs, d'autres facteurs peuvent expliquer une consommation plus faible que prévue. D'abord, cette vague de froid n'a pas été aussi intense et étendue que ce que prévu.
Ensuite, RTE a pu réduire la consommation grâce à des mesures d’effacement, qui consiste pour certains clients volontaires (essentiellement des industriels) à reporter leur consommation. Lors de moment de tension sur le réseau, ces mesures ont permis de réduire la consommation jusqu’ à 2200 MW, l'équivalent de la consommation de la ville de Paris.
"Pas de coupures grâce à la production des énergies renouvelables" ?
Plutôt vrai...
... mais exagéré. L'éolien, le solaire et surtout l'hydraulique ont évidemment contribué à couvrir la demande. Sauf qu'il faut aussi parler des importations par exemple.
Sur la période il y a plus d'électricité venant d'Allemagne, d'Esapgne ou de Belgique que des éoliennes et du solaire. La France a importé jusqu'à 8000 MW de ses voisins quand les deux énergies renouvelables ont produit jusqu'à 5000 MW.
Ensuite, lorsque l'on regarde l'origine de l'électricité consommée lors de l'épisode hivernal, on se rend compte que les énergies renouvelables ont couvert une part non négligeable mais insuffisante pour expliquer l'absence de coupures de courant.
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