Le vrai du faux. Quand une rumeur sur Facebook se transforme en chasse à l'homme
Antoine Krempf passe au crible un fait repéré dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ce mardi, le retour de la légende urbaine sur les enlèvements d'enfants à bord de camionnettes blanches.
La scène s'est déroulée à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, il y a une dizaine de jours. Une jeune femme rentre chez elle lorsqu'elle croise une camionnette blanche. Elle donne l'alerte car elle estime que les passagers de l'utilitaire ont un comportement étrange. Il faut dire que depuis plusieurs semaines maintenant, une rumeur est massivement partagée sur Facebook :
La suite, comme le raconte Le Parisien, c'est que les deux passagers de la camionnette blanche ont été passés à tabac. D'après le parquet de Nanterre, les deux hommes sont sérieusement blessés et une enquête est en cours.
Mais Colombes n'est pas la seule ville concernée par la diffusion de cette rumeur. A Nanterre, Montreuil, Montfermeil ou encore Sarcelles, on alerte sur la présence d'un "gang de roms" qui enlèvent des enfants à bord d'une camionnette blanche ou rouge.
La rumeur a pris une ampleur telle ces derniers jours que le compte officiel de la préfecture de police de Paris a décidé de réagir sur Twitter, dénonçant une "fake news".
#FakeNews | ️ Une fourgonnette blanche circule entre les villes de Nanterre et Colombes pour enlever des jeunes femmes.
— Préfecture de police (@prefpolice) 25 mars 2019
❌ Suite au partage de cette rumeur sur les réseaux sociaux, 2 personnes ont été injustement accusées puis lynchées.
Ne relayez plus cette fausse information. pic.twitter.com/gQVz6wLNcZ
De son côté, le parquet de Nanterre précise à France Info qu'aucun enlèvement ou tentative d'enlèvement de mineur n'a été signalé ces dernières semaines dans le département des Hauts-de-Seine.
Le retour d'une légende urbaine
Une camionnette blanche qui enlève des enfants ? On a vu passer cette histoire des dizaines de fois ces dernières années un peu partout en France : dans La Manche, dans le Loiret, en Alsace ou encore à Béziers, et la liste n'est pas exhaustive.
Régulièrement, les autorités tentent de limiter l'écho de la rumeur en publiant des démentis sur les réseaux sociaux. Notamment ici, avec un message publié en début d'année par le compte Facebook officiel de la police du Pas-de-Calais :
Mais rien n'y fait, la rumeur est tenace et revient régulièrement, en France comme à l'étranger. Il faut dire qu'elle surfe sur deux moteurs émotionnels très forts: la protection des enfants et la peur des étrangers.
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