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Le vrai du faux. Les loups sont-ils "en voie de prolifération", comme le dit le président de la région Paca Renaud Muselier ?

Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur, estime que le loup, espèce protégée, est passé "d'une race en voie d'extinction" à une "race en voie de prolifération". 

Article rédigé par franceinfo - Caroline Félix
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un loup dans le parc animalier de Gramat (image d'illustration) (ST?PHANIE PARA / MAXPPP)

Pour faire face aux attaques de loups ciblant les troupeaux ovins de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, son président, Renaud Muselier a estimé lundi 27 février qu'"on a la nécessité de modifier les différents dispositifs qui sont issus d'une législation européenne transposée en droit français, où d'une race en voie d'exctinction, le loup, on est dans une race en voie de prolifération"

Il ajoute : "On se retrouve en région Paca avec la plus grande population de loups, c'est 1 200 animaux qui sont comptés". Un état des lieux qui force un peu le trait. 

920 loups dans toute la France, d'après l'OFB

L'Office français de la Biodiversité, organisme en charge du comptage, estimait qu'il y avait dans 920 loups (louveteaux compris), dans toute la France, à la fin de l'hiver 2022. Plus précisément, la fourchette de loups est estimée entre 826 et 1 016 dans l'Hexagone. Ils évoluent effectivement surtout dans les Alpes, mais on est assez loin du chiffre de 1 200 pour la seule région Paca avancé par Renaud Muselier. 

Compter précisément les loups est très complexe, car c'est un animal discret dont le territoire s'étend sur des milliers d'hectares. Les agents de l'Office s'appuient donc sur un réseau de plusieurs centaines de correspondants qui récoltent des indices de sa présence : des traces de pas, des proies, ou des pièges photographiques. Ils peuvent aussi effectuer des analyses génétiques sur des excréments, des poils ou du sang, ce qui permet d'affiner les résultats et de ne pas compter deux fois le même spécimen. Sur l'hiver 2021-2022, l'OFB a ainsi récolté et analysé 4 500 indices.

D'année en année, il y a de plus en plus de loups en France, puisqu'en un an, on est passé de 783 à 921 spécimens comptés. Cette croissance est solide depuis dix ans, mais ne permet pas pour autant de parler de "prolifération", comme l'affirme le président de la région Paca. Il n'y a que les insectes et les rongeurs qui prolifèrent, c'est-à-dire qui se reproduisent de manière exponentielle et incontrôlée. 

Le loup viable "démographiquement" mais pas "génétiquement"

En revanche, Renaud Muselier dit vrai en affirmant que le loup n'est plus en voie d'extinction. Leur population ayant dépassé les 500 individus, les autorités françaises considèrent même qu'il est "viable démographiquement"Mais le loup n'est pas encore "viable génétiquement", c'est-à-dire qu'il n'y en a pas encore assez pour écarter tout risque de consanguinité, qui peut fragiliser l'espèce.

Et c'est pour cette raison que le loup reste officiellement sur la liste rouge des espèces "menacées" en France, dressée par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il est classé comme "vulnérable", qui est l'échelon le moins grave des trois. Pour sortir de cette liste, il faudrait qu'on dépasse les 1 000 loups adultes comptés par an, et ce, plusieurs années de suite.

L'Union européenne oblige les Etats à protéger le loup

Le loup, qui a disparu du territoire français dans les années 1930, est réapparu en 1992. C'est à cette époque-là, alors qu'il n'y avait qu'une poignée de loups en Europe, que la France a ratifié la Convention de Berne sur la protection de la faune sauvage (1989), puis qu'elle a fait appliquer la directive  "Habitats, Faune, Flore" (1992). De ce fait, le loup demeure aujourd'hui une espèce protégée dont "la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement, la perturbation", sont interdits.

Mais face aux attaques des troupeaux et des milliers de bêtes tuées, l'Etat, via le Plan Loup, autorise en dernier recours un quota de tirs chaque année, qui ne doit pas dépasser19 % des effectifs comptés par l'OFB. L'an dernier, le nombre maximal de loups pouvant être tués s'est élevé à 174 individus.

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