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"Les médecins sont désormais plus nombreux dans les déserts médicaux" ?

Marisol Touraine l'affirme : depuis qu'elle est en poste, le nombre de médecins dans les zones sous dotées a "considérablement augmenté". Ce n'est pas ce que montrent les chiffres.
Article rédigé par Antoine Krempf
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Marisol Touraine affirme que le nombre de médecins a augmenté dans les déserts médicaux © Maxppp)

L'Ain, l'Eure, la Mayenne, la Haute-Loire ou encore l'Indre sont souvent cités comme des "déserts médicaux", c'est-à-dire des départements dont la couverture médicale est plus faible que dans les autres territoires (le ministère retient deux critères de classement : une densité 30% inférieure à la moyenne et une activité par médecin 30% supérieure à la moyenne).

Or, les effectifs de médecins généralistes libéraux et mixtes, principaux concernés par les mesures gouvernementales, n'ont pas "considérablement augmenté" dans ces territoires. Au contraire, leur nombre est stable, voire en légère baisse dans les départements concernés. L'Eure en a par exemple perdu une dizaine entre 2012 et le début de cette année.

Dans le sillage de ces baisses d'effectifs, la densité de médecins généralistes pour 100.000 habitants baisse logiquement dans ces territoires déjà sous-dotés par rapport à la moyenne nationale :

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La densité de médecins libéraux et mixtes reste donc très faible dans ces territoires alors qu'elle augmente dans une vingtaine d'autres départements français sur les trois dernières années. Le Nord accueille par exemple une centaine de généralistes en plus depuis 2012. Le département compte désormais 116,2 médecins libraux et mixtes pour 100.000 habitants (114,2 en 2012), soit dix point de plus que la moyenne nationale.  

Les maisons médicales et les médecins étrangers

Les gouvernements successifs n'ont donc apparemment pas réussi, pour le moment, à augmenter le nombre de médecins généralistes dans les territoires qui en manque. Pourtant, de nombreuses mesures incitatives initiatives ont été lancées ces dernières. Parmi elles, les maisons médicales pluri-professionnelles et les médecins avec un diplôme étranger. 

Concernant les maisons médicales, censées permettre aux jeunes médecins de ne pas s'installer seuls dans des territoires ruraux, "les chiffres démontrent qu’on y trouve plus particulièrement des médecins âgés en moyenne de 50 ans qui exerçaient auparavant dans des cabinets individuels ", note le Conseil de l'ordre dans son atlas 2015 de la démographie médicale en France.

Sur les médecins étrangers, le Conseil de l'ordre note que leur nombre a augmenté de plus de 40% sur les huit dernières années. Mais "seul le quart d’entre eux exerce en secteur libéral exclusif et privilégient les territoires à forte densité ". 

Sources

La démographie des médecins (RPPS) au 1er janvier, Drees, ministère de la Santé

Atlas de la démographie médicale en France, Conseil de l'ordre des médecins 2015

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