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Un agriculteur bio français perçoit-il moins d'aides publiques qu'un agriculteur conventionnel, comme l'affirme Yannick Jadot ?

L'eurodéputé EELV et candidat à la primaire écologiste a indiqué que les subventions aux agriculteurs bio étaient inférieures à celles versées aux agriculteurs conventionnels. Dit comme cela, c'est faux. 

Article rédigé par franceinfo, Joanna Yakin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Yannick Jadot (27 juin 2021). (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

L'eurodéputé EELV, Yannick Jadot, s'est attiré les foudres de certains agriculteurs après son débat du 8 septembre sur LCI. Alors qu'il débattait dans le cadre de la primaire écologiste, Yannick Jadot a affirmé que "la France est le seul pays en Europe où un agriculteur en conventionnel touche plus d'aides publiques qu'un agriculteur bio". Certains agriculteurs ont accusé l'élu de proférer un mensonge, à commencer par la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricole (FNSEA).

Des aides spécifiques au bio en plus d'aides identiques pour tous les agriculteurs

La présidente de la FNSEA et d'autres agriculteurs désireux de prouver l'erreur de Yannick Jadot ont partagé une capture écran d'un graphique issu d'une étude du SDES, le service statistique du Ministère de la Transition écologique, parue en 2017 (page 41).

Ce graphique illustre en effet le dispositif en vigueur, rappelé par ailleurs par le ministère de l'Agriculture. Les agriculteurs bio perçoivent les mêmes aides que les agriculteurs conventionnels. Toutefois, le ministère de l'Agriculture, qui réfute en bloc les propos de l'écologiste, explique que les agriculteurs bio ont également le droit à des aides spécifiques qui peuvent s'ajouter aux premières. Dans le cadre de la PAC actuelle, un agriculteur bio peut en effet, en plus de l'aide de base, bénéficier d'une aide à la conversion qui peut aller d'une quarantaine d'euros à 900 euros par hectare en fonction de la nature de la culture. Il peut également percevoir une aide au maintien qui, elle, peut grimper jusqu'à 600 euros par hectare.

Une étude à prendre avec précaution

Contacté, l'un des auteurs de cette étude rappelle que l'analyse est basée sur des données de 2013. Une réforme de la PAC étant intervenue entre temps, ces chiffres ne peuvent pas être repris tels quels. Il explique par ailleurs que ce graphique fait état des aides versées à l'hectare, ce qui ne permet pas d'affirmer pour autant qu'un agriculteur bio touche davatange d'aides qu'un conventionnel. En effet, certains experts en agriculture soulignent qu'il est nécessaire de comparer ce qui est comparable. Les aides au bio, sur le papier, sont effectivement supérieures si on compare deux exploitations strictement identiques. Si une ferme bio et conventionnelle font la même taille, qu'elles produisent exactement la même chose et qu'elles ont le même nombre de salariés, alors, effectivement, rapporté à l'hectare, l'agriculteur bio touche plus d'aides. Mais les exploitations bio sont en général plus petites et nécessitent davantage de main d'œuvre. Si l'on rapportait les aides versées au bio au travail mobilisé et non plus à l'hectare, alors les aides au bio pourraient apparaître inférieures.

En résumé, il y a du vrai et du faux dans la déclaration de Yannick Jadot. Non, la France n'a pas décidé de donner plus d'argent aux éleveurs non-bio. Mais dans les faits, les aides au bio peuvent être insuffisantes face au coût que représente ce choix d'agriculture.

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