Vrai ou faux
160 000 femmes renoncent-elles chaque année à reprendre le travail faute de solution de garde pour leur enfant ?

La ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des familles, Sarah El Haïry, affirme que "160 000 femmes aujourd'hui en France", chaque année, "ne reprennent pas le travail", parce qu'elles n'ont pas trouvé de solution de garde pour leurs enfants. C'est vrai.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
En 2021, 30% des parents ayant entrepris des démarches pour avoir une place en crèche ont reçu une réponse négative (photo d'illustration, le 28 aout 2023.) (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Combien de femmes renoncent à reprendre le travail parce qu'elles n'ont pas trouvé de garde pour leur enfant ? Beaucoup trop selon la ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Invitée de Radio J, jeudi 21 mars, Sarah El Haïry a donné un chiffre : "Aujourd'hui, il y a des familles qui ne reprennent pas le travail, non pas qu'elles ne veillent pas, je suis très à l'aise pour accompagner celles qui souhaitent rester le plus longtemps avec les enfants, mais c'est qu'elles ne peuvent pas ! 160 000 femmes aujourd'hui en France par an, c'est dire que ce n'est pas rien !" Vrai ou faux ?

Quelque 20% des parents contraints de garder leur enfant faute de solution de garde

C'est vrai, même si le nombre évolue chaque année en fonction des naissances. Un parent sur cinq (20,5%) est contraint de garder son enfant faute de solution de garde, d'après un rapport du Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA), publié en mars 2023 et qui cite le baromètre de la petite enfance. Or, il y a environ 750 000 naissances chaque année en France. En faisant un rapide calcul, on obtient une estimation de 150 000 parents, chaque année, à la fin du congé maternité, qui se retrouvent obligés de garder eux-mêmes leurs enfants. Ce sont en grande majorité des femmes qui s'occupent des petits à cet âge-là, on peut donc dire que 150 000 femmes sont concernées chaque année. Une estimation proche de celle de Sarah El Haïry. Nous avons joint le Haut conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge, qui nous confirme ce calcul.

Une telle situation s'explique notamment par le manque de places en crèche. De plus en plus de parents optent pour cette solution de garde mais, dans un tiers des cas, leur demande est refusée. En 2021, 30% des parents ayant entrepris des démarches pour avoir une place en crèche ont reçu une réponse négative, pointe le HCFEA. Malgré la hausse du nombre de places depuis 2013, le HCFEA estime qu'il faudra au moins 140 000 places supplémentaires en crèche d'ici à 2027 pour répondre aux besoins. Les projections proposées vont même jusqu'à 695 000 places supplémentaires.

Le premier mode de garde en France reste la famille

Faute de place en crèche, les parents peuvent aussi se tourner vers les assistantes maternelles. Mais ces professionnelles sont de plus en plus âgées, elles partent progressivement à la retraite. "Ces prévisions de départs ne devraient pas être homogènes sur le territoire mais la grande majorité des départements devraient connaître un taux de départ entre 45 et 50 % d’ici 2030", écrit le HCFEA.

Aujourd'hui, le premier mode de garde reste la famille. Presque 59% des enfants de moins de trois ans sont gardés par leurs parents ou leurs grands-parents, selon la dernière étude de la Dress, le service statistique du ministère des Affaires sociales. Les assistantes maternelles arrivent en deuxième position, devant la crèche. Mais cela évolue petit à petit : il y a vingt ans, les trois quarts des enfants de moins de trois ans étaient gardés par leur famille.

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