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The Good Wife dépoussière les séries judiciaires

The Good Wife, qui poursuit sa cinquième saison aux Etats-Unis, s'est imposée comme la meilleure série judiciaire de ces dernières années. Le genre est très normé depuis Perry Mason dans les années 60. Pourtant, la fiction imaginée par Robert et Michelle King a réussi à trouver un second souffle, notamment en accentuant son caractère de feuilleton.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
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The Good Wife est presque une incongruité dans le paysage audiovisuel américain. Elle est à la fois une série à l'ancienne qui a fréquemment recours à des "invités de renom" (les fameux guest stars ) et qui continue de proposer une vingtaine d'épisodes par saison, là où la tendance est de s'orienter vers des formats à douze ou treize chapitres par an.

Mais elle est également une série étonnamment moderne, d'abord par sa capacité à se réinventer, à faire évoluer ses personnages, à ne pas s'endormir sur les lauriers qui lui sont régulièrement tressés et à rester en prise directe avec l'actualité américaine voire internationale.

A l'origine, cette série qui a été diffusée sur M6 avant de migrer sur Téva est ce qu'on appelle un procedural , autrement dit une fiction dont le propos est centré sur la résolution d'un crime ou d'une affaire, soit par une institution policière ou fédérale, soit par des instances judiciaires (procureurs, avocats, etc.)

Ce genre est l'un des plus anciens de la télévision américaine et il n'a guère changé au cours des années, le fonctionnement de la justice et de la police restant peu ou prou le même à l'exception des innovations technologiques. L'enjeu moral demeure le même: le combat entre le Bien et le Mal et l'indemnisation de la victime face à un appareil qui menace de la broyer ou de ne pas reconnaître les dommages qu'elle a subis.

Galerie de portraits

T he Good Wife a apporté un ton personnel en mettant au centre du récit des femmes. Il ne s'agit pas d'une série féministe, mais plutôt d'une galerie de portraits présentant les femmes d'aujourd'hui. Il y a d'abord Alicia Florrick (Julianna Margulies) qui est l'épouse trompée et humiliée en public. Elle réussit à relancer sa vie en reprenant son ancien emploi d'avocate.

Il y a Diane Lockhart, sa patronne, qui a grimpé les échelons en acceptant de jouer selon les règles imposées par les hommes et qui n'a pas de famille. Il y a Grace, la fille d'Alicia, qui incarne l'avenir, la femme de demain, et qui essaie de trouver une identité face aux principes et aux valeurs de sa mère.

Il y a Jackie, la belle-mère, qui est le visage des femmes d'hier. Très à cheval sur le respect qu'elle estime mériter et sur le rôle qu'elle estime devoir jouer en raison de son antériorité et de son âge. Elle est la femme qui refuse de vieillir.

Il y a enfin Kalinda, l'enquêtrice du cabinet d'avocat, qui est la femme d'aujourd'hui. Celle qui vit avec son temps et qui représente les transformations en cours.

Une série d'actualité

Cette diversité qui est quasiment unique dans le paysage télévisuel contemporain s'accompagne d'un souci de témoigner de l'actualité. Les affaires que doit traiter le cabinet d'avocats dans lequel travaille Alicia Florrick sont directement inspirées de ce que l'on peut lire en une des journaux ou qui font les titres de la télévision. Ceux-ci sont d'ailleurs fréquemment employés pour donner un effet réaliste aux épisodes.

On a ainsi vu plusieurs chapitres consacrés à la surveillance sur internet et aux programmes menés par la NSA, il y a eu évidemment un épisode s'inspirant de l'affaire DSK, un autre parlait d'un dictateur sud-américain qui rappelait Hugo Chavez, d'autres faisaient état de cas proches de l'arnaque mise au point par Bernard Madoff, etc.

Le public comprend immédiatement de quoi il est question. On lui propose de revenir sur des questions dont il a entendu parler et de l'inciter à s'interroger sur le fonctionnement du monde actuel, de ne pas être indifférent, ni oublieux de ce qui l'entoure.

Enfin, The Good Wife est devenu un plateau à invités comme Michael J. Fox qui a pendant plusieurs saisons fait des apparitions récurrentes, jouant avec brio un avocat extrêmement retors. On a également vu passer des actrices comme Martha Plimpton ou Mamie Gummer (la fille de Meryl Strip) qui venaient relancer la tension dramatique pendant deux ou trois épisodes.

On dit souvent que la qualité d'une série s'évalue à la qualité de ses deuxième et troisième rôles. C'est le cas pour The Good Wife.

 

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