Grimper en se gelant les mains et en chantant...
Pour corser l'affaire, la bande
ne s'attaque qu'à des parois rocheuses qui n'ont jamais été grimpées, des
"big wall" de plus de 1.000 mètres de hauteur.
Evrard Wendenbaum les a rejoints pour une ascension en Chin e , à la frontière
du Kirghizstan, sauf que la province du Xinjiang est interdite aux étrangers.
Il a fallu que l'équipe passe la multitude de contrôles policiers sans rien
dévoiler de ses intentions pour se rendre au pied du Kizil Asker qui culmine
à 5.842 mètres.
Ce n'est pas très haut, dit modestement Evrard Wendenbaum, mais la
météo y est très changeante. La journée peut commencer par du grand beau ciel
bleu et se terminer par des chutes de neige avec des vents violents. Il faut
imaginer les quatre complices suspendus pendant quatorze jours à une paroi
rocheuse verticale à plus de 5.000 mètres d'altitude.
Evrard Wendenbaum a connu plus confortable...
"On a beaucoup plus subi que dans une
ascension normale, en l'occurrence grimper, en plus, à mains nues sur un rocher
qui est à moins 5°C. C'est
particulièrement dur parce que le moindre petit accroc, par exemple, ne
cicatrise pas avec le froid. Il n'y a plus aucune cicatrisation. Donc, dès
qu'on se fait une toute petite égratignure, c'est parti pour être un truc qui
s'infecte, qui devient gros.... Les ongles se décollent, il y a des gerçures
partout. A la fin, on ne peut plus rien tenir. On a les doigts complètement en
bouillie."
Malgré ces conditions extrêmement difficiles, les copains belges
qui comptent parmi les meilleurs grimpeurs au monde dans leur catégorie, ne
manquent pas d'humour et de philosophie...
"Ce
que j'essaie de dire, c'est que pour trouver le sommet de ton rêve, t'es pas
obligé de venir ici. "Ta gueule !". D'avoir froid et de geler tes
couilles, tes mains et tes pieds. "Ta gueule !". Et de geler et
d'avoir froid, et de souffrir. Tu peux aussi bien trouver le sommet de tes
rêves chez toi, dans ton fauteuil au chaud. Mais c'est plus facile de le
trouver ici...."
Les alpinistes n'avaient pour seul refuge, qu'une petite tente
suspendue dans le vide, à un crochet planté dans la paroi. Et quand le moral
était bien bas, ils sortaient leurs instruments de musique pour se réchauffer le cœur ...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.