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"Les enfants de la Libération" (2/8) : Les paras sortent du bois

À l'approche du 80e anniversaire du débarquement en Normandie, notre série "Les enfants de la Libération" s'attarde sur l'autre débarquement, celui de Provence, le 15 août 1944. Pour Andrée Perrot, âgée 12 ans à l'époque, c'est son principal souvenir de la guerre.
Article rédigé par Willy Moreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Andrée Perrot, 12 ans en 1944, a croisé des parachutistes américains à Callian, près de Toulon, où elle avait fui les combats. (WILLY MOREAU / RADIO FRANCE)

Quand les parachutistes américains ont marqué les esprits des enfants de 1944.  Andrée Perrot était âgée de 12 ans le 15 août 1944. Enfant, elle a croisé des parachutistes américains à Callian, près de Toulon, où elle avait fui les combats. "Je me souviens des beaux parachutistes qui ont été largués chez moi, raconte-t-elle, j'en ai un très bon souvenir".

Le sabordage de la flotte française à Toulon

Habitant d'abord à Toulon, où son père est gendarme maritime, les gens lui disaient : "Tu sais que les Allemands vont arriver à Toulon." Des Allemands, elle n'en avait encore jamais vu. En 1942, les Alliés sont en Afrique du Nord et la flotte française du gouvernement de Vichy est en rade de Toulon. Cette flotte serait un sérieux atout si elle se ralliait aux forces libres. Mais les nazis, alarmés par l'avance alliés dans le sud de la France, cherchent à les devancer. Le 27 novembre 1942, les Allemands lancent leurs chars en direction du port et aussitôt les unités françaises se sabordent. Andrée était là : "À 4 heures du matin, se souvient-elle, il y a eu une grosse explosion et j'ai vu le bateau en face - c'était le Dupleix. J'ai vu les Allemands se battre avec les marins, je les ai vus se battre et crier. C'était l'horreur."

Réfugiée à Callian, elle voit encore les Allemands de près, lorsqu'ils font sortir tout le village sur la place, pour embarquer l'instituteur vers une destination alors inconnue, Dachau. Puis le fameux débarquement de Provence survient, le 15 août 1944, dès 4 heures du matin. Les forces alliées, composées de Français, de Nord-Africains, d'Anglais et d'Américains, ont pour objectif de libérer Toulon et Marseille, puis de remonter pour prendre en tenailles les Allemands attaqués depuis la Normandie. Cette nuit-là, pour la petite Andrée, ce sont des bruits effrayants au-dessus du toit. "Toute la nuit, on a entendu les avions, se rappelle-t-elle, c'était insupportable, moi, je tremblais."

"Mes paras à moi" 

Au matin, la population se retrouve face à face avec des parachutistes largués un peu partout dans la campagne alentour. Andrée raconte son ravissement : "Quand on est arrivé devant le puits, j'ai vu sortir trois bonhommes avec des branches sur la tête et tout bariolés de noir. Il y en avait partout. Mais là, c'était les trois paras ‘à moi'. Ils étaient beaux. Et ils étaient souriants. C'était rare de voir quelqu'un sourire." Elle se souvient ensuite de rires et de danses, "naturellement, je voulais me marier avec un para", sourit-elle.

Son mari, elle l'a finalement connu à Toulon, à l'âge de 14 ans. "Il habitait en face, je n'avais jamais vu. C'est lui qui m'a vue. Et puis fatalité, poursuit-elle, il s'est engagé en Indochine, dans les paras comme commandos." Si on lui demande si elle fait une fixation sur les paras, elle répond : "Ah, j'adore. Ça vient de la guerre, parce que pour moi, c'était une belle tenue." Son mari a finalement quitté l'armée pour fonder avec elle une famille, ils ont eu quatre enfants. 


"Les paras sortent du bois", épisode réalisé par Willy Moreau. "Les enfants de la Libération", un podcast original franceinfo avec la Mission Libération, à retrouver sur franceinfo.fr, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.

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