2024 : année record pour le cinéma français et beau millésime

Thierry Fiorile et Matteu Maestracci font le bilan des douze mois écoulés dans les salles de cinéma, avec plusieurs coups de cœur de nos "Experts cinéma" qui, parfois, se confondent avec la très belle année des productions françaises dans les meilleurs scores du box-office national, signés Artus, Pierre Niney ou Gilles Lellouche.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Pierre Niney dans "Le Comte de Monte-Cristo" réalisé par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière. (CHAPTER 2 / PATHE FILMS / M6)

Clap de fin sur une année 2024 exceptionnelle pour le cinéma français et la fréquentation en salles : nous allons ensemble rembobiner cet excellent cru et inviter nos auditeurs à voir ou revoir les meilleurs films de l'année, en salle ou en VOD.
 
Sachez d'abord qu'on devrait atteindre, comme en 2023, les 180 millions de tickets de cinéma vendus en France en 2024, ce qui veut dire que la fréquentation en salles se rapproche de son niveau record de 2019, donc avant le Covid. Et que parmi les cartons de l'année, pour la première fois depuis 10 ans, deux films français figurent à la première place, dans l'ordre : Un p'tit truc en plus de et avec Artus (10,8 millions d'entrées) et Le Comte de Monte-Cristo avec 9,3 millions.

Et dans le top 10, on retrouve surtout des productions américaines comme les suites de Vice-Versa et Vaiana ou le quatrième chapitre de Moi, moche et méchant, et un autre film français : L'amour ouf de Gilles Lellouche et ses 4,7 millions de spectateurs en cinquième position.

Vingt Dieux et L'Histoire de Souleymane

Plus de 200.000 entrées en deux semaines pour ce premier film d'une jeune cinéaste, étonnante de maîtrise et pleine de promesses. Sa comédie fromagère tournée avec des non-professionnels dans le Jura où elle vit, nous a enchantés. On adore Totone, ado pied nickelé qui se retrouve seul avec sa petite sœur, et qui se lance dans le concours du meilleur comté.

Si le ton est léger, Vingt Dieux aborde très sérieusement la question de la ruralité, mais sans pathos ni misérabilisme. Il y a de la joie dans ce film, et des belles images. Louise Courvoisier ose le western rural made in France, mais à portée universelle.

"Vingt Dieux" de Louise Courvoisier. (LAURENT LECRABE)

Autre succès français inattendu, L'Histoire de Souleymane de Boris Lojkine, l'un des meilleurs films de l'année, salué par un score surprenant, mais qui fait chaud au cœur, de 514.000 entrées, pour cette histoire qu'on aurait pu considérer comme "déjà vue", et pourtant...

72 heures dans la vie d'un livreur à vélo parisien guinéen, qui attend et prépare un rendez-vous crucial en préfecture, pour l'obtention d'un titre de séjour. Et si le film a autant plu, c'est sans doute parce que la fiction se confondait avec la réalité. Abou Sangaré, Souleymane dans le film, attendait lui aussi des papiers qu'il a fini par obtenir. L'Histoire de Souleymane qui pourrait, pourquoi pas, créer également la surprise lors de la cérémonie des Césars fin février, face aux autres cartons de 2024.


D'autres films français nous ont marqués, deux documentaires : Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz, Une Famille de Christine Angot, trois films corses : Le Royaume de Julien Colonna, À son image, de Thierry de Peretti, Borgo de Stéphane Demoustier, sans oublier Le Roman de Jim des frères Larrieu et Miséricorde d'Alain Guiraudie, ou encore Ma vie ma gueule, le long-métrage posthume de Sophie Fillières.

Les meilleurs films étrangers

Les Graines du figuier sauvage, prix spécial à Cannes, ce qui n'était pas respectueux de cet immense cinéaste, qui méritait la Palme d'or ou un vrai prix, peu importe, son geste est autant artistique que politique.

Mohammad Rasoulof a filmé dans la clandestinité le délitement d'une famille iranienne dont les parents, le père est juge, sont des fervents soutiens du régime des mollahs, mais dont les filles adolescentes suivent, terrifiées, sur leur smartphone la répression sanglante du mouvement femme vie liberté.

Un pamphlet implacable contre l'islam radical qui étouffe l'Iran depuis 45 ans, où les images réelles et la fiction avancent à l'unisson. Mohammad Rasoulof a fui son pays, il vit en Allemagne et garde un humour incroyable, surtout quand on lui parle de contrainte créatrice.

Capture d'écran du film "Les Graines du figuier sauvage" de Mohammad Rasoulof. (RUN WAY FILMS / PYRAMIDE FILMS)

 
Vu à Cannes aussi, forcément, la Palme d'or, Anora de Sean Baker, parce qu'elles sont rares les palmes qui mettent tout le monde d'accord ou presque, cette histoire d'une strip-teaseuse, et escorte à ses heures, qui tombe amoureuse du fils d'un riche oligarque russe, et va se retrouver dans un tourbillon insensé, entre mariage express à Vegas, et course-poursuite à Brooklyn : c'est drôle, émouvant, rythmé, et le passionnant Sean Baker progresse à chaque nouveau film.
 
Enfin 2024 dans les films étrangers c'était aussi en vrac, Furiosa de George Miller, The Substance de la française Coralie Fargeat, Juré n°2 de Clint Eastwood, et l'extraordinaire et glaçant La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer.

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