"All We imagine as Light" : trois générations de femmes indiennes dans la lumière
Grand Prix du dernier Festival de Cannes, All We imagine as Light nous emmène à Mumbaï, immense mégapole indienne. La première partie du film est très réaliste, on suit le quotidien harassant de trois femmes, qui travaillent dans le même hôpital. La plus âgée est femme de ménage, et les deux autres – infirmières – partagent un appartement modeste, dans une amitié naissante.
Ce qui les définit est paradoxal : elles sont ces femmes indiennes qui, par le travail, accèdent à l'autonomie financière, mais pas encore à une véritable indépendance. Le poids de la famille, les traditions, le système de castes, les contraint. Un mariage forcé avec un mari exilé en Allemagne, une histoire d'amour impossible entre la plus jeune hindouiste, et son petit ami musulman, une expulsion injuste, elles le subissent et résistent en même temps. Avec trois formidables actrices et une maîtrise étonnante, Payal Kapadia nous parle de l'Inde contemporaine.
Et c'est dans la deuxième partie que le film prend le large, quand les trois amies se posent au bord de la mer, entre sororité douce et scène quasi-fantastique, Payal Kapadia imagine un avenir lumineux, d'où le titre du film, avenir qui passe par les femmes.
Quand vient l'automne de François Ozon
Voici le Ozon millésime 2024, puisque le réalisateur a désormais pris l'habitude de sortir un film par an. Et un film de saison qui plus est, qui se passe et sort en automne, ce qui en dessine son décor. Soit un village de Bourgogne, avec de belles forêts autour, où Michelle et Marie-Claude ont l'habitude de se balader. Marie-Claude (dont le fils est en prison) est jouée par Josiane Balasko, et Michelle, le personnage principal, c'est Hélène Vincent.
Elle est seule dans sa grande et belle maison, rythmée par les tâches domestiques, et quand sa peste de fille (Ludivine Sagnier) vient déjeuner avec son fils, elle est intoxiquée par un plat de champignons. Elle en réchappe, mais coupe les ponts avec Michelle, dont on finit par se demander, si elle ne l'a pas fait exprès.
Hélène Vincent est formidable, à 81 ans, dans ce rôle émouvant et ambigu. Et c'est un très beau cadeau que ce rôle offert à la comédienne par François Ozon, et que l'intéressée place dans un panthéon personnel avec les films La vie est un long fleuve tranquille (inoubliable Marielle Le Quesnoy), mais aussi J'embrasse pas d'André Téchiné, ou Quelques heures de printemps, de Stéphane Brizé.
Quand vient l'automne n'est pas révolutionnaire, et quelques ficelles scénaristiques sont même un peu grossières, mais l'ensemble possède ce je-ne-sais-quoi assez réconfortant.
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