"Chien de la casse" : Raphaël Quenard, diamant brut
Dans Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, Miralès et Dog, interprétés respectivement par Raphaël Quenard et Anthony Bajon, sont deux jeunes bien de leur temps, la vingtaine, qui vivent au Pouget, une jolie commune de l'Hérault, et ça glandouille en bandes, le soir jusque tard, sur la place haute du village, entre pétards et promenades en voiture, sans véritable but.
L'arrivée d'une jeune fille pour l'été va venir chambouler tout ça. Si Dog est plus en retrait et taiseux, Miralès est clairement le dominant, charismatique, drôle, très instruit, il a beaucoup lu, il adore la musique classique et le piano, il prenait même des cours, il cuisine très bien, et il vit avec sa mère, mais il est aussi lâche, jaloux, et n'hésite pas à mépriser ou à enfoncer son entourage, Dog le premier, en se montrant très cinglant verbalement. Et c'est l'excellent Raphaël Quenard qui lui prête ses traits.
Chien de la casse est une magnifique surprise pour un premier long-métrage, c'est réaliste, juste, touchant, faussement une comédie, mais vraiment sombre, tout le monde est d'une grande justesse, et si on connaissait déjà les qualités d'Anthony Bajon, ici, ce sont bien le talent et la gouaille de Raphaël Quenard, vu en second rôle récemment chez Jimenez, Dupieux ou Jeann Herry, qui portent littéralement le film.
Sur l'Adamant de Nicolas Philibert
L'Adamant, c'est en plein Paris, sur la Seine, depuis 2010, un centre de soins psychiatriques de jour, un bateau magnifique, où les soignants, offrent à des patients, un havre d'humanité. Alors que la psychiatrie en France va mal, très mal, ici chacun, quel que soit son état, est écouté, considéré, on découvre des personnes qui ont des talents : musique, peinture, écriture, cuisine, et Nicolas Philibert, avec sa patience, son regard, a su gagner leur confiance, et ce qu'ils racontent, avec une incroyable lucidité, est bouleversant.
Le documentariste nous montre à quel point le soin, c'est avant tout s'occuper du temps présent. On sort secoué, de ce film, en se demandant où sont les fous finalement, sur l'Adamant, sur la Seine, ou sur la terre ferme, où des foules d'anonymes courent sans se voir, les yeux rivés sur un téléphone. On sort en colère aussi, contre un système de santé qui maltraite autant la psychiatrie, ses patients et ses soignants, alors que la demande de soins explose.
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