"Les pistolets en plastique" : traque et trash
Jean-Christophe Meurisse développe au cinéma ce qui fait son succès au théâtre depuis 15 ans, avec la compagnie "Les chiens de Navarre" : un humour sans filtre, trash, potache et politique.
Il y a trois ans, dans Les Oranges sanguines (son second film,) il s'inspirait de l'affaire Cahuzac. Ici, il se délecte de l'épisode écossais de l'affaire Dupont de Ligonnès, quand un pauvre innocent, pris pour l'assassin de Nantes, était arrêté à l'aéroport de Glasgow, et on se souvient tous de l'emballement médiatique, peu glorieux, autour de cette fausse piste.
Dans Les Pistolets en plastique, c'est au Danemark qu'un brave type est arrêté, car il ressemblerait à l'assassin Paul Bernardin, qui lui, se la coule douce en Argentine. Interrogatoire kafkaïen chez les très scrupuleux Danois, flics français nullissimes, duo d'enquêtrices amatrices en roue libre, Jean-Christophe Meurisse se régale de la fascination morbide pour le fait divers, de ce qu'on projette consciemment ou pas dans la fuite réussie de l'assassin et offre à ses interprètes un formidable terrain de jeu, à coups de duos très efficaces et d'improvisations maîtrisées.
Dans ce jeu de massacre qui ne nous épargne pas le gore, saluons les prestations de Jonathan Cohen, Laurent Stocker, Vincent Dedienne, Aymeric Lompret, Norah Hamzawi, Romane Bohringer, Philippe Rebbot et des fidèles venus du théâtre: Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Anne-Lise Heimburger, Gaëtan Peau, Fred Tousch et Anthony Paliotti.
Kinds of Kindness de Yorgos Lanthimos
Un film assez inclassable et indéfinissable, divisé en trois parties et trois histoires, plus ou moins indépendantes, qui s'appuient sur le même trio d'acteurs principaux, jouant chaque fois des personnages différents.
Soit Emma Stone, pour leur troisième collaboration, et dans la foulée de son Oscar remporté pour Pauvres Créatures, Willem Dafoe, et le discret mais pourtant omniprésent à Hollywood Jesse Plemons, honoré à Cannes d'un prix d'interprétation masculine.
Trois histoires qui parlent d'emprise, de dépendance affective, de masculinité toxique, et même d'une secte. C'est sombre, étouffant, et même parfois assez glauque, c'est souvent perché, on n’est pas loin d'une forme de happening d'art contemporain, mais Yorgos Lanthimos semble cette fois injecter davantage d'humour que dans ses films ayant précédé Pauvres Créatures.
Vous l'aurez compris, Kinds of Kindness n'est pas dénué de qualités, il faut reconnaître au réalisateur grec de faire des films qui à la fois lui ressemblent, et ne ressemblent à aucun autre, mais ça reste inégal, parfois boursouflé, et dans ce cas précis, hélas, beaucoup trop long, avec tout de même 2h45 à la pendule.
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