Mati Diop et les fantômes du passé

Les sorties cinéma de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Dahomey" de Mati Diop et "Le procès du chien" de et avec Laetitia Dosch.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Photo extraite du film "Dahomey" de Mati Diop. (LES FILMS DU LOSANGE)

Dahomey de Mati Diop

Dahomey est un documentaire mâtiné de fiction, il est question de la restitution par la France d'œuvres volées au Bénin, anciennement Dahomey, durant la période coloniale.

Et de cette date importante, novembre 2021, la cinéaste franco sénégalaise réalise un film à la durée plutôt courte (1h08) mais pétri de symboles et gorgé de belles images. Mati Diop a filmé le départ et l'emballement soigneux des 26 trésors du musée du Quai Branly restitués au Bénin et leur arrivée dans un autre musée "chez eux", si l'on peut dire, à Cotonou.

Tenter de réparer une faute historique, se repentir d'un pillage, permettre aussi à cette jeunesse africaine de se réapproprier sa culture et son histoire et d'en débattre, autant d'enjeux passionnants qui irriguent ce projet. Et si au début on peut être décontenancé par un écran noir dont émerge seulement une voix – celle de la statue du roi Ghézo qui nous parle directement en ancienne langue Fon –, on est frappé, quand le film s'ouvre, par l'intensité de l'accueil réservé par les Béninois à ces 26 œuvres. On ressent à la fois leur émotion et celle de la réalisatrice.

Mati Diop plaide aussi avec Dahomey pour que le ministère de la Culture fasse enfin voter la loi-cadre sur la restitution des œuvres d'art pillées aux anciennes colonies.

Le Procès du chien de Laetitia Dosch

Laetitia Dosch – révélée au cinéma dans Jeune femme de Léonor Serraille en 2016, puis dans Passion simple de Danielle Arbid – vient du théâtre. Inclassable, passant du burlesque au tragique en un clin d'œil, elle réalise ici pour la première fois.

Après avoir partagé la scène avec un cheval, Laetitia Dosch nous dit tout son intérêt pour les animaux et la nature grâce à Cosmos, chien convoqué au tribunal où il risque sa peau. Cosmos est accusé de mordre sans raison, que des femmes. Et c'est Laetitia Dosch, en avocate des causes perdues, qui prend sa défense.

Dans ce procès improbable, l'absurde laisse la place à de vraies questions sur notre rapport au règne animal, on s’amuse, mais pas seulement... Avec François Damiens et Jean-Pascal Zadi, Laetitia Dosch trouve des compagnons de jeu qui partagent son sens de l'absurde, elle réussit son premier film derrière la caméra et continue de nous étonner en actrice au large spectre. Le chien Kod, lui, fait de bons débuts au cinéma.

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