"Miséricorde" : Alain Guiraudie et la burlesque ambiguïté de la morale

Les sorties cinéma de la semaine, par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, avec "Miséricorde" d'Alain Guiraudie et "Barbès, Little Algérie" d'Hassan Guerrar.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Félix Kysyl et Jacques Develay dans le film "Miséricorde" d'Alain Guiraudie. (LES FILMS DU LOSANGE)

Commençons par Miséricorde, œuvre d'un cinéaste de la ruralité, éloigné des circuits parisiens, Alain Guiraudie. Nous sommes ici dans un polar à la campagne, en Occitanie, mais ça dérape très vite, et c'est très drôle. On arrive d'ailleurs dans ce village (fictif) de Saint-Martial en compagnie de Jérémie, qui vient assister aux obsèques de son ancien patron boulanger, et s'installe quelques jours chez sa veuve et son fils.

Mais sa seule présence sur place, et ses impulsions parfois radicales, vont chambouler l'ordre établi et l'ambiance dans la communauté, précipitant aussi un drame, et la complicité inattendue d'un curé pas comme les autres.

Il y a de l'ironie, de l'étrangeté, des ajustements aussi avec la morale, un village de l'Aveyron et parfois des messieurs tous nus, c'est donc du 100% Guiraudie, le tout dans une sorte de faux rythme malicieux, et promis, vous ne regarderez plus les champignons en forêt comme avant...

Barbès, Little Algérie d'Hassan Guerrar

Premier film d'un personnage du cinéma français, Hassan Guerrar est depuis 40 ans attaché de presse, un parcours hors norme pour ce Franco-Algérien qui a grandi dans la rue, ami des stars, grande gueule, colérique, il nous rend dingue parfois, mais il fait du bien à ce milieu Hassan, attachant en diable, comme son film, très autobiographique.

Malek, binational lui aussi, quadra et célibataire, avec un bon boulot, s'installe à Montmartre, en surplomb de Barbès, juste avant le confinement. Il va être notre guide dans ce quartier qui a toujours servi de sas à l'immigration maghrébine. Quand son neveu débarque du bled, c'est un passé familial douloureux et enseveli qui resurgit, jusqu'à l'apaisement d'une identité complexe, et c'est le rappeur Sofiane Zermani qui incarne à merveille Malek.

À Barbès, nous dit Hassan Guerrar, il y a des frottements, des tensions, de la marge, mais aussi et surtout, beaucoup d'humanité, d'entraide, comme ces distributions de repas à l'église Saint-Bernard où se retrouvent toutes les communautés, Barbès, Little Algérie raconte ça, simplement, loin des idées reçues sur un quartier de Paris qui résiste à la gentrification ambiante.

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