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Aquarius : "on voit bien qu'aujourd'hui, il y a une volonté de créer un mur au sein de l'UE et de ne plus accueillir"

Les invités des "Informés de franceinfo" sont notamment revenus, lundi 11 juin sur franceinfo, sur le sort du bateau humanitaire Aquarius et les 629 migrants à bord, ou encore sur les blocages de raffineries en France par les agriculteurs.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Pierre Jacquemain, rédacteur en chef de la revue Regards sur franceinfo, le 11 juin 2018.
. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

L'extrait 1

L'Europe se fragilise. Lundi 11 juin 2018, un nouveau désaccord a illustré cette fragilité : le sort de l'Aquarius, le bateau de l'ONG SOS Méditerranée, avec 629 migrants à bord. L'Italie et Malte ont refusé d'ouvrir leurs côtes à l'Aquarius, malgré les pressions internationales. C'est finalement l'Espagne qui a accepté d'accueillir les migrants, a indiqué le nouveau chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.

franceinfo : Quand on voit cette situation, ce bateau avec 629 personnes, c'est assez effrayant non ? 

Pierre Jacquemin : Oui, ils sont plus de 30 mineurs et sept femmes enceintes à bord de l'Aquarius. Le fait que l'Union européenne ne soit pas en capacité de répondre à la problématique de 600 migrants sauvés par des associations humanitaires en Méditerranée est un véritable fiasco. Je crois qu'une directive du 14 février - comme une belle déclaration d'amour - disait qu'il fallait que les budgets de l'Union européenne soient renforcés sur la question de la sécurité des frontières et sur la question de la défense. Donc on voit bien qu'aujourd'hui, il y a une volonté de créer un mur au sein de l'UE et de ne plus accueillir. C'est un problème qui n'est pas pris à bras le corps parce qu'aujourd'hui, on a affaire à quelques milliers de migrants. Ce n'est quand même pas, comme le dit l'actuel ministre de l'intérieur, une arrivée massive de migrants. Or, d'ici quelques années, dans 50 ans, voir un siècle, on aura cette problématique qui sera beaucoup plus importante sur la question des migrations climatiques. Donc si on ne sait pas répondre aujourd'hui, cela veut dire qu'on a en face de nous des responsables politiques qui ne sont pas à la hauteur, parce qu'ils ne savent pas répondre à une problématique humaine, de mouvement, de mutation, de migrations qui sont des phénomènes normaux. Ce sont des phénomènes qui ont toujours existé donc il faut qu'on soit à la hauteur et je déplore que la France n'ait pas été en capacité d'ouvrir le port de Marseille par exemple qui est une terre d'accueil, une terre d'immigration qui a construit la France.

L'extrait 2

Lundi 11 juin 2018, le député écologiste Yannick Jadot, a défendu sur les réseaux sociaux, le syndicat agricole FNSEA. Pourquoi ? Parce que la FNSEA bloque des raffineries depuis dimanche soir pour dénoncer notamment l'importation par Total de 300 000 tonnes d'huile de palme pour la raffinerie Total de biocarburant à la Mède dans les Bouches-du-Rhône. Les agriculteurs estiment que ces importations sont déloyales et risquent de remettre en cause la filière colza en France, majoritaire pour le biocarburant.

franceinfo : Quand on entend ça, on se dit que les écologistes et la FNSEA sont réconciliés ? La FNSEA évoque une hypocrisie du gouvernement, d'une part un discours super écolo à l'international et d'autre part l'huile de palme qui est très critiquée. 

Flore Santisteban : Oui elle est critiquée parce qu'il y a deux enjeux sur ce sujet. Il y a un enjeu écologique évident et puis il y a un enjeu économique. Sur l'enjeu écologique, franchement, ce biocarburant qui n'en est pas un, il faut cesser d'utiliser cette expression qui est impropre, est trois fois plus polluant que le diesel fossile. Donc on s'interroge sur son utilité, sur son empreinte carbone, sur la déforestation. La déforestation est responsable pour 10% des enjeux liés au climat et en particulier de l'effet de serre. Donc oui c'est un vrai problème. C'est le 'en même temps' qu'on a du mal à comprendre... En fait, si on comprend. La ligne est toujours la même, le glyphosate n'est pas interdit, l'huile de palme dont on connait la dangerosité, est maintenant en réalité totalement autorisée dans notre pays. Et cet enjeu économique est quand même assez majeur puisque la filière du colza risque concrètement de pâtir de cette décision.  

Les invités 

Paul ACKERMAN, directeur de la rédaction du Huffington Post

Pierre JACQUEMAIN, rédacteur en chef de la revue Regards

François D’ORCIVAL, éditorialiste politique à Valeurs Actuelles

Stéphane VERNAY, directeur de la rédaction parisienne de Ouest France

Flore SANTISTEBAN, politiste, maître de conférences à Sciences po Paris et chercheuse au CEVIPOF

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