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Attaques terroristes dans l'Aude : "Il faut remettre sur le tapis la question de la précaution et la prévention des actes terroristes" estime George Fenech

Les invités des "Informés" sont revenus, vendredi, sur la triple attaque terroriste qui a fait trois morts et 16 blessés dans l'Aude.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
L'ancien député LR et co-rapporteur de la commission d'enquête post-attentats de 2015, George Fenech, à Paris en juillet 2016. (MAXPPP)

Trois personnes ont été tuées et seize autres blessées, dont deux grièvement, dans des attaques perpétrées à Carcassonne et à Trèbes, dans l'Aude, vendredi 23 mars. La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie. Le groupe Etat islamique a revendiqué les attaques.

L'extrait 1

franceinfo : Quel a été votre sentiment, George Fenech, à l'annonce de ces attaques meurtrières, vous qui avez été co-rapporteur de la commission d'enquête post-attentats de 2015 ?

George Fenech : C'est vrai que depuis quelques mois nous avions été épargnés de tout attentat et malheureusement celui-ci vient nous rappeler cruellement le niveau de la menace très élevée (...) Mais, dans ce drame, tout de même, ce qu'on peut saluer, indépendamment des actes héroïques, ce sont les nouveaux dispositifs qui ont été mis en œuvre depuis les attentats du Bataclan, dont on avait tiré les conséquences. Le fait d'avoir formé, équipé ces forces dites intermédiaires - notamment le Psig-Sabre qui est aujourd'hui formé par le GIGN - a permis une intervention rapide, immédiate, sans attendre l'arrivée des forces d'élites de Paris. Pour moi, ça a été un soulagement (...)

L'assaillant, Redouane Lakdim, était fiché S. Une nouvelle fois, on parle de fiché S. On a l'impression d'être confronté toujours à la même chose...

On retrouve toujours la même question, le même profil : un individu sous les radars, fiché S, sous contrôle des renseignements, déjà condamné, délinquant de droit commun, et malheureusement il passe à l'acte (...) Là, je crois qu'il y a encore beaucoup de marge de progression par rapport à ces individus. Il vaut mieux avoir une logique de précaution que d'intervention a posteriori où c'est déjà trop tard.

Cette prévention, c'est possible ?

On a voté des lois, notamment quand on est sorti de l'état d'urgence le 30 octobre 2017. L'autorité administrative aujourd'hui peut prendre des mesures d'assignations à résidence, de contrôle par bracelet électronique contre des individus qui ne sont pas passés à l'acte, mais qui pourtant présentent un caractère dangereux, potentiellement de passage à l'acte. Et, je ne sais pas qu'il y ait eu une seule décision qui ait été prise depuis l'application de cette loi en cette matière. Toute la question est de savoir comment augmenter la précaution et la prévention de ces actes terroristes. Je pense que là encore il faut remettre cette question sur le tapis et y réfléchir très sérieusement.

L'extrait 2

franceinfo : "Nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l'acte brusquement", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb à propos de l'assaillant. Est-ce que ces fiches S ont encore une utilité ? La réponse de Benoît Barret, secrétaire national adjoint du syndicat Alliance pour la province. 

Benoît Barret : Je pense que ce soir il n'a pas de polémique à avoir sur les services de renseignements de la police nationale et de la gendarmerie nationale. La polémique n'a pas lieu (...) 13 000 14 000 fichés S en France. Les renseignements territoriaux, c'est 2 600 collègues, la DGSI c'est 3 000 collègues. Comment voulez-vous, sérieusement, qu'on puisse avoir les moyens humains de faire surveiller tout le monde ? (...) Le vrai débat qui doit être mené aujourd'hui, je crois que c'est le principe des niveaux de cercles du renseignement en France. Vous avez deux niveaux : un premier plus d'ordre judiciaire avec six services [DGSE, DGSI etc.] et le deuxième sur le renseignement territorial où il y a le plus de maillages partout en France (...) Est-ce qu'on ne peut pas fusionner un seul cercle du renseignement, une seule communauté du renseignement, qui pourrait permettre à tous les enquêteurs de France de pouvoir allier l'administratif et du judiciaire.

Les invités

Jérôme Poirot, ex-adjoint du coordonnateur national du renseignement et auteur du Dictionnaire du renseignement (éd. Perrin, mars 2018).

Benoît Barret, secrétaire national adjoint du syndicat Alliance pour la province

Étienne Girard, journaliste à Marianne

Audrey Goutard, chef du service police-justice de France 2

Georges Fenech, ancien député LR et président de la Commission d’enquête sur les attentats 2015

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