Pourquoi ça coupe quand c'est pointu?
Depuis Cro-Magnon et les silex, la coutellerie invente des techniques et des matières qui autorisent des lames de plus en plus fines, de plus rigides voire, qui théoriquement ne s’émoussent jamais, comme la céramique.
Pourtant, certains artistes de foire parviennent à s’allonger sur du verre pilé sans égratignure. Et ne parlons pas des fakirs qui se prélassent sur des clous! Pourquoi ça ne coupe pas tout le temps ?
Un indice : la taille et la force ne font pas tout
Un sabre de pirate est beaucoup moins dangereux, j’allais dire moins sanguinaire, qu’un cutter tout neuf, même manipulé par un enfant. En réalité, le processus de coupe est une question de pression donc de rapport entre la surface de coupe et la force exercée.
Quand un objet pointu entre en contact avec une autre matière, la pression s’exerce sur une surface extrêmement limitée, ce qui permet à l’objet pointu de séparer les molécules de la matière transpercée. Voilà pourquoi on aiguise les couteaux. A force égale, plus la surface de contact est étroite, plus la pression est grande. Car la pression est égale à « la force » divisée par « la surface ».
Aiguiser, c'est diminuer la surface de contact
Pour augmenter la pression, on peut appuyer de plus en plus fort sur le manche du couteau, mais il est beaucoup plus simple de diminuer la surface de contact. Donc de bien aiguiser les couteaux.
Le secret des fakirs
Au fait, pourquoi les fakirs ne se coupent-ils pas en s’allongeant sur des planches à clous, ou du verre pilé?
C’est là qu’intervient le principe de répartition de la pression. Observez bien l’installation du fakir : très spectaculaire avec tous ces clous et toutes ces arêtes de verre très tranchantes. Or, là est la ruse : plus il y a de points de contacts, moins la pression est forte. D’où ce paradoxe : en dépit des apparences, plus la planche comporte de clous, moins ils sont dangereux.
Les fakirs le savent : on travaille parfois mieux sans pression. Jusqu’à preuve du contraire...
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