Laura Flessel, quintuple médaillée olympique : "Mes médailles, c'est des petits souvenirs qui animent mes journées, et ça me fait sourire à chaque fois"

Ils sont montés sur la plus haute marche du podium olympique. Et pas qu'une fois pour certains. Cet été, les médaillés d'or français se racontent sur franceinfo. Au delà de la joie, qu'est-ce qu'une médaille a changé dans leur vie ? Aujourd'hui, l'escrimeuse Laura Flessel, quintuple médaillée olympique, dont deux médailles d'or. Elle se confie à Cyril Destracque.
Article rédigé par Cyril Destracque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le 24 juillet 1996 aux JO d'Atlanta aux Etats-Unis, première médaille d'or pour l'escrimeuse Laura Flessel, et première apparition de l'épreuve d'épée féminine par équipes au programme olympique, remportée par l'équipe de France. De gauche à droite :  Sophie Moresee-Pichot, Valérie Barlois et Laura Flessel. (JEAN-YVES RUSZNIEWSKI / CORBIS SPORT / GETTY IMAGES)

Entre 1996 à Atlanta et 2004 à Athènes, l'escrimeuse française Laura Flessel, 52 ans, a raflé cinq médailles olympiques, dont deux d'or. Des titres qui lui ont notamment ouvert les portes de la politique, brièvement. 

franceinfo : Vous avez décroché deux médailles d'or aux Jeux olympiques de 1996 à Atlanta. Comment avez-vous géré la notoriété après ces sacres ?

Laura Flessel : Mon mari, journaliste, m'a permis de comprendre l'importance d'avoir les médias, d'utiliser ou d'informer les médias. En fait, j'ai compris cette articulation. J'ai accepté d'enfiler un manteau, qui peut être lourd à porter, parce que lorsqu'un sportif réussit, on attend de lui qu'il soit parfait. Or, moi, j'ai tendance à dire : "Un genou à terre mais pas les deux en même temps" donc, on accepte aussi l'échec, mais ce qui est important, c'est de rebondir.

Et l'idée aussi, c'est de s'associer à un rapport de force qui fait que le champion reste adulé, vénéré, mais il faut toujours faire attention. Après, je me suis découverte aussi maman, championne, entrepreneure, ayant envie de mettre ma pierre à l'édifice, en étant curieuse. 

Cette notoriété vous a ouvert notamment les portes de la politique, vous avez été ministre des Sports, un peu plus d'un an, pendant le premier mandat d'Emmanuel Macron, puis vous êtes partie en invoquant des raisons personnelles. Si c'était à refaire, vous le referiez ?

Je suis restée en poste pendant 18 mois. J'ai mouillé le maillot pour le ministère des Sports. En fait, j'ai tenu à valoriser mes croyances. Quand on n'aime pas, on part. Donc je n'ai pas aimé, je suis partie. Il me fallait plus pour rester. En revanche, moi, j'ai l'âme de l'entrepreneur. J'ai besoin d'un peu plus de liberté. Donc, j'ai repris ma liberté, et je continue aussi à mettre ma pierre à l'édifice, sans aucun problème.

15 août 2004, Jeux olympiques d'Athènes, Laura Flessel monte sur la deuxième marche du podium et remporte une médaille d'argent. (Médaille d'or pour la hongroise Timea Nagy, et le bronze pour la française Maureen Nisima) (ANDREAS RENTZ / BONGARTS GETTY IMAGES)

Sur le plan humain, sur le plan psychologique, qu'est-ce que ces deux médailles d'or vous ont apporté au quotidien ?

J'utilise au quotidien un code, j'ai appris que le sport, c'était de la répétition sans avoir la certitude de réussir. Donc, je suis pleine de conviction, et je fais confiance au système. Derrière, je me réserve aussi le droit d'innover et d'arrondir ces carrés, ces fameux carrés anguleux, de les arrondir pour essayer d'exceller.

Et en cela, il faut encore répéter. Il faut, en fait, anticiper. Et l'escrime, c'est un jeu d'échecs. On analyse les gestes et on anticipe; donc, j'ai gardé cette analyse stratégique, un peu comme le jeu d'échecs pour anticiper et faire des plans ABC, pour quelque part minimiser les surprises, car je n'aime pas trop les surprises.

Est-ce que vos médailles ont toujours une bonne place chez vous ?

Dans ma maison, très peu de choses rappellent le haut niveau. J'ai donné plus de 26 ans au sport, même plus de 40 ans de ma vie. Donc à l'intérieur, c'est une harmonie. Il y a des éléments, des tableaux qui rappellent, mais les médailles sont bien au chaud. J'ai envie de dire : ce qui est bien au chaud dans mon cœur, ce sont tous ces souvenirs, toutes ces olympiades, toutes ces personnes, tous ces kinés qui ont été là pour moi.

Lorsque je gagnais, un boulanger du XVe arrondissement me préparait des jolis pains en chocolat avec de fines lamelles d'or, qui rappelait que j'avais gagné. Et lorsque c'était une contre-performance, j'avais un bon pain au chocolat qui m'attendait, et qui me disait de retourner à l'entraînement. Donc, ce sont des petits souvenirs qui animent mes jours en fait, et ça me fait sourire à chaque fois.

Et les médailles, vous ne les portez plus ? Vous ne les avez jamais remises autour de votre cou ?

Je les présente lorsqu'on me le demande, je vis avec. Mais c'est vrai que je suis plus dans l'écriture du présent, la correction du présent, pour améliorer mon futur.

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