C'étaient les Jeux olympiques : Zátopek, la légende !

Dans "Micro européen", Jiri Hnilica évoque Emil Zátopek, une légende de la course à pied, de la course de fond au marathon, on l'appelait la locomotive. Il était tchécoslovaque.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Emil Zátopek "La locomotive" (1922 - 2000), une légende de la course de fond au marathon, ici, médaillé d'or du 10.000 mètres aux JO d'Helsinki en Finlande, le 1er janvier 1952. Le français Alain Mimoun remporte l'argent et le bronze pour le russe Alexander Anufriev. (CENTRAL PRESS / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

 Emil Zátopek, quadruple champion olympique, une légende de la course à pied, recordman au moins 18 fois. Pour évoquer son histoire et lui rendre hommage, décryptage avec Jiri Hnilica, directeur du Centre culturel tchèque à Paris, historien de formation.

franceinfo : Zátopek, la locomotive, ça reste une légende ?

Jiri Hnilica : Tout à fait, c'est une légende sportive, c'est une légende humaine avec tous les contextes du XXe siècle. Parce que Zátopek et ses succès sportifs, notamment dans les années 50, ont accompagné la naissance de l'état communiste tchécoslovaque, mais également le mouvement du Printemps de Prague ; il  en devient un visage d'ailleurs, ensuite, poursuivi comme tous les représentants du Printemps de Prague, il devient en quelque sorte une victime célèbre des représailles de la normalisation, pour ensuite être décoré à l'époque de Vaclav Havel. Donc on peut dire une légende qui accompagne le XXe siècle tchèque.

Il faut se replacer : 1949, premier record du monde, 1950, second record du monde en 1950 encore, troisième record du monde et championnats d'Europe de Bruxelles, 1951 de nouveaux records, 1952, c'est un triplé olympique inédit, et entre 55 et 57 il  termine sa carrière, mais tout a commencé en 1947, avec les championnats du monde militaire d'athlétisme à Berlin, et après 1948, les Jeux olympiques de Londres. 

Tout à fait, c'est l'époque où le rideau de fer tombe, le sport devient beaucoup plus qu'une compétition sportive, ça devient également un enjeu de représentation. Et c'est une coïncidence quand, ce sportif, ce coureur marathonien, Zátopek apparaît à ce moment-là, parce que le fait de devenir un grand sportif, cela commence déjà pendant la guerre à Zlin, une ville fameuse de Bat'a, où les grands talents de tous les styles du monde entier, se retrouvaient.

Et Zátopek ressort donc en 47/48 comme un grand talent. Mais il faut le souligner vraiment, il a réussi sa vie sportive grâce à une persévérance, grâce à son entraînement qui était absolument atypique. Très spécifique. Donc c'est un succès non seulement sportif, communiste, si vous voulez, mais c'est un succès sportif de quelqu'un qui est persévérant. 

Et justement, cet entraînement "spécifique", il lui était propre ?

C'est à lui, il existe des anecdotes. Au début de sa carrière, on l'appelait la pieuvre, étant donné les mouvements un peu désorganisés de ses membres. Mais il y a notamment une image qui me passe par l'esprit toujours. Quand je vois l'entraînement de Zátopek, je le vois courir sur un stadium à Zlin justement, en tirant derrière lui un pneu de tracteur. 

Il faut dire que c'est un militaire de carrière ?

Absolument militaire, donc, toujours habillé en entraînement dans la forêt, dans les champs, sous la neige, sous la pluie, de tout temps. Quand on voit aujourd'hui l'entraînement des sportifs, on ne comprend pas du tout comment il a pu réussir. 

Et cet athlète célèbre qui a, on peut le dire, bouleversé l'Europe dans tous ses records mondiaux, ses triplés olympiques, c'est un homme qui prend part dans la politique de la Tchécoslovaquie au Printemps de Prague en disant : Non ...

Vous avez tout à fait raison, et je pense que c'est une seconde partie de la Tchécoslovaquie, du communisme, du socialisme à cette époque-là, et surtout la seconde partie de la vie de Zátopek. Et je répète, c'est important, c'est partiellement Emil Zátopek, mais c'est également sa femme Dana Zátopková, qui était médaillée olympique en lancer du javelot. Et donc c'était deux sportifs de très haut niveau qui, en couple, en famille, ont protesté publiquement contre l'occupation soviétique en 68, ce qui a leur a coûté leur vie professionnelle, bien évidemment. 

Et après, ils sont tombés dans l'ombre, bien évidemment. Et Zátopek a disparu, jusqu'au retour de la démocratie, où Vaclav Havel a retrouvé Zátopek pour en faire l'homme de la nation ?

Exactement, et je pense qu'il y a, à côté des exploits extraordinaires de Zátopek, il y a un côté qui est aussi très important. Son visage tellement humaniste, il était toujours souriant, c'était quelqu'un qui vraiment appliquait des idées olympiques comme on en rêve encore aujourd'hui. Donc aussi pour ça, il est devenu très célèbre et très populaire, parce qu'il avait un comportement extrêmement sympathique et ouvert. 

On en parle de lui aujourd'hui en Tchéquie ?

Zátopek, oui, il y a un film, un dessin animé, cela devient, redevient, un grand sportif tchèque de l'époque de nos grands-parents… 

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