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L'atlas géopolitique de la Russie

La Russie, pays dans une forte actualité, fait l'objet d'un atlas géopolitique, aux éditions des Arènes avec le journal Le Monde. José-Manuel Lamarque reçoit son autrice, Delphine Papin.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les Russes regardent les cartes de leur pays à la verticale, avec Moscou au Sud. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Le micro européen évoque la Russie, avec l’Atlas géopolitique de la Russie du journal Le Monde, aux éditions des Arènes. Il est paru sous la direction de Delphine Papin, docteur en géographie. Elle est l'invitée de José-Manuel Lamarque.

franceinfo : Cela a-t-il été facile de réaliser cet atlas, sachant que la Russie est le plus grand pays au monde ?

Delphine Papin : Non, effectivement, ce n'était pas facile de faire cet atlas-là. J’ai été accompagnée d'une équipe composée de 18 personnes, à la fois des cartographes, des illustrateurs, des chercheurs et, bien sûr, les grands reporters, éditorialistes et correspondants du Monde.

La Russie est une puissance héritière d'un empire. Moscou cherche à étendre son influence. Les guerres de Poutine bouleversent l'ordre mondial. Quel est l'importance des cartes dans cet atlas ?

Il est intéressant de cartographier la Russie, parce que nous, on a souvent la vision de la Russie sur son flanc ouest, avec Moscou. Mais si vous regardez le pays dans son ensemble, il est à un jet de pierre des Etats-Unis par l'Alaska. Il est aussi frontalier de la Chine si on se projette vers le nord, et on sait que le rôle du Nord est important en ce moment. Le Sud évidemment, c'est l'Asie centrale, sans oublier le Caucase.

Donc une position géographique unique au monde, mais aussi enclavée ?

Oui, La Russie est enclavée. Ne serait-ce que si on regarde les mers. Les possibilités de sortie sont compliquées. On a beaucoup parlé ces derniers temps de la mer Noire par laquelle la Russie essaye d'avoir accès à la Méditerranée. Au Nord, l'océan glacial Arctique reste gelé une partie de l'année. Donc ça veut dire que pour sortir de cet immense territoire, ce n'est pas si simple.

Nous regardons la carte de la Russie à l'horizontale, alors que les Russes la regardent à la verticale : Moscou au sud, et le nord jusqu’à l'Alaska ?

Exactement. C'est intéressant parce que justement, dans la glace, on a essayé de jouer avec les projections. On a essayé de tourner la carte de temps en temps, de remonter la Chine aussi, pour montrer une position centrée entre la Chine et l'Europe, qu'on ne voit pas toujours en fait, puisque souvent le planisphère peut être coupé ou aplati. Nouis avons fait pivoter le globe pour démontrer que la Russie a d'autres possibilités que l'Europe. Du côté japonais, c'est compliqué. Et puis il y a la mer Baltique, jadis entourée de pays dans l'espace soviétique et qui est devenue presque une sorte de lac « otanien ». Donc les possibilités de sortie de la Russie ne sont pas évidentes.

Vous avez développé aussi la question de la population. Qu'en est-il ?

Effectivement, ce territoire immense qu'on voit sur un planisphère et qui domine le planisphère représente - si vous comparez son poids démographique - seulement l'Allemagne et la France réunies. Cela ne pèse pas très lourd. C'est une population qui est concentrée aux trois quarts côté ouest, à proximité de l'Europe. C'est donc un vaste territoire, mais très vide.

Est-ce pour cela que les Russes sont toujours en bon termes avec les Chinois, parce qu'ils n'ont pas envie de les voir s'installer en Sibérie ?

Exactement, si vous confrontez une carte des densités de population des deux côtés de la frontière, chinois et russe, ce sont des écarts immenses. Il y a un côté dépeuplé et l'autre extrêmement peuplé. Le déséquilibre est réel.

L'Atlas géopolitique de la Russie est édité aux Arènes, sous la direction de Delphine Papin.  

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