L'engagement citoyen, toujours d'actualité

Focus aujourd'hui sur l'engagement en Europe, ses conséquences, ses prévisions d'avenir, avec Philippe Da Costa, le président de la Croix-Rouge française, pour son un ouvrage "Nous sommes nés pour agir".
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Temps de lecture : 5min
La Croix-Rouge française. Son président Philippe Da Costa a publié en octobre 2024 aux éditions Autrement, "Nous sommes nés pour agir" : un appel à l'engagement pour redonner à l'engagement toute sa force. "C'est ce que j'appelle l'élan du premier kilomètre pour répondre aux besoins des populations en proximité", souligne Philippe Da Costa. (MICHAEL DESPREZ / MAXPPP)

L'engagement en Europe, agissez pour ne pas subir, osez, c'est la vocation de la Croix-Rouge française. Invité de Micro européen, Philippe Da Costa, le président de la Croix-Rouge française, pour son ouvrage Nous sommes nés pour agir. Philippe Da Costa est depuis de nombreuses années engagé au sein de la Croix-Rouge.

franceinfo : Philippe Da Costa, cet ouvrage, c'est un appel. C'est même un "coup de gueule" face aux crises que nous vivons, ou dont nous sommes témoins, comme Mayotte aujourd'hui ? 

Philippe Da Costa : Absolument, c’est la volonté de raconter ce que nous avons vécu, la période particulière post-covid, de l'arrivée des crises qui à la fois sont beaucoup plus nombreuses, et beaucoup plus interdépendantes. Il y a une accélération, comme les flux de la vie aujourd'hui, l'ensemble des questions écologiques, environnementales, cyber, etc. Et elles sont invisibles parce que les crises écologiques de la biodiversité, etc., ne sont pas visibles, et ont des conséquences majeures sur la population. 

A-t-on oublié le battement d'aile du papillon dont on parlait beaucoup naguère ?

Non, parce que je pense qu'on le voit bien dans le quotidien des femmes et des hommes, dans les territoires. Cette perception, elle est ressentie et je suis le témoin d'un engagement exceptionnel de femmes et d’hommes qui inventent des solutions, des réponses à ces crises. Et c'est ce que j'ai voulu raconter dans ce livre.

Nous sommes nés pour agir, à la fois pour réexpliquer la raison d'être de la Croix-Rouge qui est née sur un champ de bataille à Solférino, avec Henri Dunant, et qui aujourd'hui est présente sur l'ensemble du territoire au niveau national et qui est le premier mouvement humanitaire au monde. Et cet ouvrage est aussi un appel à l'engagement pour redonner à l'engagement toute sa force. Et c'est ce que j'appelle l'élan du premier kilomètre, pour répondre aux besoins des populations en proximité. 

C'est un besoin d'engagement dans une Europe qui ne va pas très bien ?

Oui, parce qu'on le voit bien, la question de la crise ukrainienne a vu un déplacement de population important. La solidarité à l'échelle européenne a été importante, mais il faut relier les crises les unes aux autres, et l'impact de ces crises. Il ne peut y avoir de réponse qu'à l'échelle de l'Europe, et nous le vivons très directement.

Sur les questions alimentaires, les questions climatiques, toutes ces questions-là, les réponses s'inscrivent dans les politiques européennes, les questions liées aux exilés, les questions également, à la préparation des populations face aux crises, à l'anticipation de ces crises. C'est aussi toute une préparation qui doit se jouer évidemment au niveau national, mais nous sommes encore plus forts quand on le fait au plan européen.

Cela veut-il dire, aussi, qu'il y a un besoin peut-être des Européens dans leur engagement, de vouloir montrer à leurs édiles européens, leurs élus, c'est un autre désir d'Europe ?

C'est à la fois un autre désir d'Europe, mais c'est aussi la reconnaissance de l'engagement des citoyens. Il faut leur redonner les clés pour qu'ils puissent agir en proximité. Surtout agissons… 

Soyez optimiste ?

Disons que si des citoyens s'engagent, des solutions sont possibles face aux crises. C’est ce que je raconte dans cet ouvrage. Face à l'isolement social, à la rupture de lien, face à la montée de l'exil, de la précarisation, il y a aujourd'hui énormément d'initiatives à l'échelle de l'Europe, dans beaucoup de pays européens, et nous échangeons beaucoup avec les "Croix-Rouge" d'Italie, de Pologne, d'Espagne. Et ensemble, on essaie d'apporter des réponses. Et il y a une inventivité, une innovation dans la réponse qui est apportée dans nos territoires à l'échelle européenne.

Donc, redonner confiance ?

Nous sommes, nous la Croix-Rouge, un tiers de confiance. Et donc ce qui est important, c'est d'être ce tiers de confiance qui appelle à l'engagement, en effet, mais qui est aussi là pour porter la voix de ceux qui agissent dans les territoires, pour porter une voix qui est aussi une forme de reconnaissance de l'engagement des citoyens au quotidien dans les territoires. 

Quelque part, c'est le "N'ayez pas peur" de Jean-Paul II ? 

Osez ! N'ayez pas peur, agissez pour ne pas subir. Et c'est cette vocation-là qui est celle de la Croix-Rouge, c’est-à-dire agir pour ne pas subir, agir pour que nous puissions redonner de l'espoir et redonner de l'espérance aux personnes.

Nous sommes nés pour agir par Philippe Da Costa est édité chez Autrement.
Concernant la solidarité et l'urgence humanitaire pour Mayotte, un site internet pour donner à la Croix-Rouge.

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