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Micro européen. 25 mars 2021, bicentenaire de l’indépendance de la Grèce

Le 25 mars 1821, les Grecs se libéraient du joug turc, David contre Goliath.    

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des citoyens grecs tenant fièrement le drapeau national, le 25 mars 2019, le jour de la fête de l'indépendance. La Révolution de 1821, la révolution grecque, qui a permis la création d'un état indépendant, a été couronnée de succès le 25 mars 1821. (SOPA IMAGES / LIGHTROCKET / GETTY IMAGES)

Le mardi 29 mai 1453, Constantinople tombait aux mains des Ottomans, puis ce fut le tour d’Athènes en 1456 et Sparte en 1460. L’Empire byzantin, l’Empire romain d’Orient, tout cela disparaissait pour 400 années de plomb, un voile noir recouvrait la Grèce, le Moyen-Âge mourrait, et la Grèce ne connaîtrait jamais la Renaissance. 

Durant quatre siècles, les Hellènes subiront l’Empire ottoman pour qui seule comptait la religion du Sultan. Soit on se convertissait, soit on était un sujet dominé, système cruel et aveugle. Quant aux Grecs, il leur restait leur langue, leur religion, et ce cordon ombilical qui les tiendra 400 ans durant, leur Histoire, qui commença bien avant le christianisme, l’Antiquité, ce que n’auront jamais les Turcs.

La langue, leur langue, ils la parleront, la liront, l’écriront ; leur religion, ils la protègeront, quant à leur histoire antique, ils la transmettront à leurs descendants. Et tout cela, ce sera, entre autres, l’œuvre de "l’école de la nuit", quand, à la nuit tombée, ils se réunissaient autour du pope, seul maître d’école pour les enfants, qui à tout moment risquaient d’être kidnappés et enrôlés dans l’armée du Sultan.    

Les Hellènes   

Les Turcs appelaient "Rum", romains, les chrétiens, et les Grecs savaient qu’ils étaient des Hellènes, pas des Turcs. C’était le début de la prise de conscience de leur identité. Bien que certaines familles grecques aisées sous l’Empire ottoman, vivant à Constantinople, étaient bien éloignées du sentiment d’indépendance, la grande majorité des Hellènes vivaient sous une domination étrangère qui les spoliait, les appauvrissait, et les laissait sans droits aucuns, à commencer par celui de la succession.

1821 : Le drapeau de l'Insurrection de la Guerre d'Indépendance de la Grèce. (Illustration) (DE AGOSTINI EDITORIAL / GETTY IMAGES)

Mais les idées des Lumières françaises franchissaient les frontières, le mot liberté prenait les chemins de l'Europe et des littoraux européens, jusque dans l’Empire ottoman. Le sultan n’en avait cure, ainsi que le système ottoman, et puisque l’on parlait de liberté, des Grecs commençaient à se révolter, dès la fin du XVIIIe siècle, et l’Empire ottoman procédait alors aux massacres dont celui de 1770. Cinq ans après le Congrès de Vienne qui avait découpé l’Europe comme celle des Royaumes, les Grecs se révoltaient, petit à petit, comme le dit notre invitée Alexia Kefalas, journaliste au quotidien Kathimerini, correspondante pour France 24 et Le Figaro.

Ce n’est pas une guerre d’indépendance, c’est une révolution. 

Alexia Kefalas, journaliste au quotidien Kathimerini

Ainsi la révolution était en marche, elle durera une décennie, avec son lot de massacres turcs, tel celui de Chios, en avril 1822, qui fera 23 000 morts et réduira 47 000 personnes en esclavage... Et par rapport à ce premier soulèvement grec, des Européens, Français, Anglais, Russes, Allemands, des hommes et des femmes qui ont étudié l’Antiquité, parlent le grec, ceux-là vont prendre fait et cause pour les révolutionnaires grecs, ils vont devenir les Philhellènes, les amoureux de la Grèce, et s’investiront dans la lutte contre l’Ottoman. Ces Européens sont Lord Byron, Dostoïevski, Victor Hugo, Delacroix. Le philhellénisme prenait alors force et vigueur. Il faudra attendre 1830, soit 10 ans, pour que les États européens reconnaissent enfin la Grèce.    

La statue de du général grec Theodoros Kolokotronis (1770-1843), héros de la Guerre d'indépendance grecque. Il était surnommé le "Vieux de Morée" car il avait 50 ans au début du conflit. (UNIVERSAL HISTORY ARCHIVE / UNIVER / GETTY IMAGES)

25 mars 2021   

Ce jour de la fête nationale grecque, accompagné des festivités pour le bicentenaire de l'indépendance, les 40 ans de l'entrée de la Grèce dans l'Union européenne, sous le soleil athénien, la cérémonie fut commentée par Nikos Aliagas, le défilé militaire étant composé d’uniformes d’époques jusqu’aux treillis modernes. Symbole dans le ciel d’Athènes, des «Rafales» aux couleurs grecques, mais des avions français, grand symbole pour les Grecs qui savent combien les liens entre la France et la Grèce sont historiques. Parce que les Grecs le savent bien, critiqués durant la crise économique par l’Europe, bien peu aidés durant la crise migratoire par l’Europe, encore moins dernièrement quand les assauts turcs en mer Egée ont inquiété la Grèce, un seul et unique pays est venu soutenir la Grèce comme il le fait aujourd’hui, la France. Le 25 mars 1821 les Grecs entraient en révolution contre le Sultan turc, aujourd’hui, 200 ans après, 200 ans de liberté grecque, un autre sultan ne veut pas que du bien à la Grèce. 

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