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Micro européen. How do you do ? Comment vont les Britanniques après le Brexit ?

Pour beaucoup de Britanniques, ce divorce n’est pas seulement politique, économique ou commercial, il est aussi un divorce moral, la perte d’appartenance à une vraie famille.

Article rédigé par franceinfo - José manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Le Brexit : un déchirement pour beaucoup de Britanniques. (GETTY IMAGES)

How do you do ?... Comment vont les Britanniques après le Brexit ?... Comme nous l’indique notre invité Jon Henley, correspondant à Paris du quotidien The Guardian, "Rien ne changera pour l‘instant, attendons décembre prochain"…  effectivement, pour l’instant la mise en place du Brexit est plutôt administrative car les négociations devraient continuer avec Bruxelles jusqu’au mois de décembre 2020.

Le 25 février prochain Michel Barnier qui était le négociateur du Brexit pour l’Union européenne recevra officiellement un mandat afin de continuer les négociations. Il s’agira dans ces négociations, de définir un partenariat approfondi qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier  2021. Pour l’instant les délais paraissent bien courts, surtout quand les députés européens se sont déjà positionnés par le vote d’une résolution qui exige le respect des normes européennes, premier acte...

650 accords remis question

Mais en fait, la réalité est que Londres va sortir de 650 accords internationaux conclus par Bruxelles. On imagine le retour en arrière et la somme de travail pour le Royaume Uni dans de longues négociations avec l’Union européenne et, bien entendu puisqu’il s’agit aussi d’accords internationaux, d’autres négociations en bi-latéral ou multi-latéral avec des Etats ou des institutions internationales dans le monde,  qui avaient conclu ces 650 accords avec l’Union européenne.

A n’en pas douter le calendrier risque bien d’être trop bref, puisque que les négociations avec Bruxelles devraient débuter en mars prochain, pour se terminer en octobre 2020 afin que le parlement européen ratifie les accords et que janvier 2021 soit la date officielle du départ du Royaume Uni de l’Union européenne.

Il se pourrait bien que Boris Johnson, le premier ministre britannique, demande un nouveau délai à Michel Barnier afin de venir à bout de cette tâche monumentale.

Un départ en demi-teinte

S’il est évident qu’un long travail reste à fait entre Londres et Bruxelles, le Royaume Uni bénéficie encore et toujours du Marché unique et de l’Union douanière, ce qu’il perdra à l’aboutissement des négociations, quand elles auront abouti. Mais si le Royaume Uni a quitté le Parlement européen et la Commission européenne, il reste membre du Conseil de l’Europe dont sa représentation est une des meilleures et des plus efficaces dans le quatuor de tête, soit le Royaume Uni, la France, la Russie et la Turquie au sein du Conseil de l’Europe.

D’ailleurs il est important que le Royaume Uni soit membre du Conseil de l’Europe qui est le premier laboratoire d’idées pan-européen, dirigé par une Secrétaire Générale efficace, la Croate  Marija Pejčinović Burić, pas assez mise en valeur, hélas, et qui mériterait une plus grande mise en lumière.

La pêche, l’Ecosse et l’Irlande Si les désaccords ont déjà pointé le nez entre les pêcheurs britanniques et européens, là aussi de longues négociations vont débuter à Bruxelles entre les deux parties, les pêcheurs français y étant fort bien représentés par le Président du comité national des pêches maritimes et des élevages marins, Gérard Romiti.

Mais qui dit Brexit dit aussi Ecosse et Irlande du Nord. Il est vrai que la première ministre écossaise Nicola Sturgeon pousse pour un nouveau référendum en vue d’une indépendance de l’Ecosse, qui a tout à perdre dans le Brexit tant son développement économique et industriel en fait un partenaire très viable dans l’Union européenne.

Enfin, l’Irlande du Nord, l’Uster, où la population irlandaise au passeport britannique peut aujourd’hui bénéficier d’un passeport de la République d’Irlande, soit la double nationalité. Il est vrai que nombre de Britanniques, bien avant que sonne le premier acte du Brexit, étaient et sont toujours en demande d’un passeport d’un Etat membre de l’Union européenne.

Aussi à terme, nous pourrions bien voir la réunification de l’Irlande, tant les négociations pré-Brexit avaient fait ressurgir le spectre cauchemardesque d’une frontière.

Une certaine perte de soi

Et puis, le Brexit touche aussi les Britanniques résidents dans les Etats membres de l’Union européenne, ils ne pourront plus se présenter aux élections municipales par exemple. Mais aussi, cela concerne les Européens résidents au Royaume Uni. En fait, les uns et les autres devront à partir de juillet 2020, effectuer des démarches administratives pour l’obtention d’un titre de séjour. Et  au 1er juillet 2021, celles et ceux, résidents depuis plus de cinq ans auront une carte de séjour permanent de 10 ans et ceux ayant moins de 5 ans de résidence obtiendront un titre d'une durée de 1 à 5 ans.

Pour beaucoup de Britanniques, ce divorce n’est pas seulement politique, économique ou commercial, il est aussi un divorce moral, la perte d’appartenance à une vraie famille.   Finis ab origine pendent… (la fin dépend du début…)   Nul ne sait aujourd’hui et nul n’a de réponses quant aux finalisations du Brexit. L’œuvre, si cela en est une, l’œuvre est unique et risque bien de perdurer dans le temps. Comme l’a un jour désigné notre invité Jon Henley, il pourrait bien s’agir d’un Brexiternity !...        

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