Thuringe et Saxe : l'Allemagne en proie aux partis extrêmes

Les extrêmes gagnent du terrain après les élections régionales partielles de la semaine dernière. Le journaliste allemand Kaï Littmann fait un point de la situation politique en Allemagne.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Katja Wolf, tête de liste en Thuringe pour l'alliance BSW, est l'une des grandes gagnantes aux élections régionales dans son Land. (MARTIN SCHUTT / DPA / MAXPPP)

En Allemagne, des élections régionales partielles ont eu lieu en Thuringe et en Saxe, dimanche dernier. Retour sur cette étape politique outre-Rhin en compagnie de Kaï Littmann, directeur d’eurojournalist.eu.

franceinfo : Ces élections ont vu la montée des extrêmes, l’AFD à droite ou l'alliance BSW à gauche. Ces formations sont même arrivées en tête ?

Kaï Littmann : Largement en tête ! On peut parler d'un séisme politique, même s'il était annoncé depuis des mois. Les résultats en Thuringe et en Saxe correspondent aux sondages publiés avant les élections. Ainsi, les deux Länder se trouvent dans une situation comparable à celle de la France après les législatives, autrement dit ce sont des régions très difficiles à gouverner.

Les conservateurs de la CDU ont fait de bons scores. Peuvent-ils participer à une coalition ?

C'est là que commence le problème, parce que les autres partis ont obtenu des très faibles scores, y compris deux au gouvernement fédéral, à Berlin : les Verts et les libéraux du FDP. En Thuringe, ils sont exclus du parlement, en Saxe, seuls les Verts y rentrent en franchissant avec peine la barre des 5%. Et il y a un désaveu total pour le parti du chancelier SPD qui a fait 7,5% et 6,1% des votes. Donc il manque des partenaires à la CDU pour pouvoir former un gouvernement. Sans les extrêmes, ce sera impossible.

Quelles vont être les répercussions de ces votes régionaux sur la coalition nationale : sociaux-démocrates, Verts et libéraux ?

Ces 3 là sont en crise, mais déjà bien avant. SPD, FDP et Vert n'ont plus rien à se dire. Ils viennent de décider d'un budget pour l'année prochaine, très mal ficelé, qui est critiqué de toutes parts. Avec la perspective des législatives en 2025, ils tentent de redorer leur blason, mais plus ils essayent, plus ils dégringolent dans l'opinion publique. Il faut dire une chose : cette coalition est finie.

Comment positionner le BSW, l'alliance Sahra Wagenknecht – du nom d'une une ancienne dirigeante communiste d'Allemagne de l'Est ?

On ne le sait pas vraiment, parce que cette alliance défend des positions autant de l'extrême gauche que de l'extrême droite. Elle a fait des scores impressionnants lors de ces deux élections régionales, en devenant la troisième force politique dans ces deux Länder. Elle a des chances de remporter le même succès au niveau fédéral, lors des prochaines législatives. Et si les partis traditionnels ne comprennent pas le message de ces deux élections, ils risquent de disparaître. En effet, quand on est au pouvoir et que l’on totalise ensemble 12 % des votes, il s'agit d'un désaveu absolu.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.