Edwy Plenel : "Avec le numérique, on est descendus de l'estrade. S'il y a un problème, je vois les réactions des lecteurs !"

Le journaliste, Edwy Plenel, co-fondateur de Mediapart, sort son nouveau livre La valeur de l'information, aux éditions Don Quichotte, une célébration du site d'information en ligne fondé il y a dix ans. Le passage du papier au numérique lui est apparu un jour comme une révélation. "C'est une voix intérieure au fond après mon départ au bout d'un quart de siècle du Monde, a-t-il expliqué mardi 20 mars sur franceinfo. J'ai pris conscience que la révolution numérique était un point de non retour. C'était irréversible. Il fallait plonger dedans et y défendre la tradition". 

Le même métier mais en "mieux"

Edwy Plenel estime ne pas avoir changé le fond de son métier de journaliste, mais le passage au numérique lui a permis de réaliser de nombreuses innovations. "Je fais le même journalisme que quand j'étais dans la presse imprimée, explique Edwy Plenel mardi 20 mars 2018 sur franceinfo. Mais ce que j'ai découvert avec le numérique, c'est que je peux le faire mieux, échapper au formatage, faire un journalisme mieux documenté et plus multimedia, plus participatif."

Le numérique, c'est le média total. C'est de l'écrit que nous faisons. C'est aussi de l'image, et surtout encore une fois, échapper au format unique

Edwy Plenel, directeur de Mediapart

franceinfo

Il apprécie également une meilleure interaction avec son public de lecteurs. "Avec le numérique, par rapport à la presse papier, on est descendu de l'estrade, reconnaît le journaliste. On n'est plus au-dessus de ses lecteurs. Quand j'étais au Monde, je faisais le journal, et mes retours, c'étaient mes collègues, là aujourd'hui, s'il y a un problème dans Mediapart, je le sais tout de suite, je vois les réactions des lecteurs." 

Edwy Plenel a par ailleurs commenté l'arrivée dans le paysage médiatique du Média, "journal engagé de la France insoumise" : "Le droit de faire des médias d'opinions, le pluralisme de la presse est nécessaire", a-t-il lancé.

S'il devait faire une mise à jour de sa vie ? "Je ne sais pas. J'aurais beaucoup de mal. Je n'ai jamais calculé ma vie. J'ai avancé en marchant. Quand on crée Mediapart, on est trois. On crée quelque chose d'inédit et on avance comme cela. Si vous m'aviez dit que dix ans après, ce serait 140 000 abonnés, 4,7 millions visiteurs uniques, je vous aurais dit que c'est inimaginable. J'aime bien l'idée de l'inédit et de l'imprévu".