Cet article date de plus d'onze ans.

Ces femmes qui fuient la Corée du Nord

Emmanuelle Eyles, journaliste de Marie-Claire, est allée à Séoul, rencontrer des femmes qui ont fui la Corée du Nord. Il lui a fallu plusieurs mois pour établir le contact avec elles.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Les Nord-Coréens sont étonnement tabous en Corée du Sud. Elle
a contacté des associations, des refuges, des ONG chrétiennes car elles sont
très présentes sur ce secteur et a dû apprivoiser ces femmes, les convaincre que
parler ne mettait pas en danger leur famille restée en Corée du Sud.

On estime que 25.000 Nord-Coréens sont arrivés en Corée du
Sud et on ignore combien de dizaines de milliers errent en Chine, parmi eux 85%
sont des femmes.

Un parcours dangereux

Ces femmes sont prêtes à tout, même à mourir, pour fuir.
Elles passent en Chine en traversant le fleuve Tumen, soit à la nage l'été car
il est bas, soit à pied lorsqu'il est gelé. Celles qui sont attrapées par les
gardes finissent en camp de travail, où elles sont battues avec des chaises ou
des bouts de bois et traumatisées à vie lorsqu'elles ne meurent pas. Celles qui
tombent entre les mains des dealers chinois sont vendues 8.000 euros à un
paysan chinois célibataire qui les transforme en esclave sur les rizières.
Celles qui arrivent à marcher plusieurs jours sans se faire prendre et tapent à
la porte de la bonne chaumière, se font recueillir, nourrir.

Elles sont approchées par des passeurs qu'elles s'engagent à
payer plus tard et ils partent de nuit vers le Vietnam en bus, en bateau puis
arrivent en Thaïlande où elles se rendent à la police. La police contacte
l'ambassade de Corée qui les fait interroger pendant plusieurs semaines au cas
où elles seraient des espionnes de Corée du Nord. A l'issue de l'interrogatoire
elles sont enfin envoyées près de Séoul, dans un centre de rééducation
obligatoire qui s'appelle le Hanawon.

Un changement radical

Elles passent de la dictature la plus obsolète et rétrograde
à un capitalisme flamboyant. Elles ne mangeaient pas à leur faim, étaient
obligées d'assister à des exécutions, ont vu des proches et voisins mourir de
faim. Leurs histoires sont bouleversantes, hallucinantes. Toutes espèrent que
les enfants ou parents qu'elles ont laissé derrière trouveront le courage de
fuir. Elles savent que les Coréens du Sud ne feront pas grand chose pour leurs
cousins désargentés qui sont 24 millions et qui mettraient à mal leur économie
florissante. Elles disent que si les choses bougent, ce sera grâce aux USA et à
la communauté européenne.

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