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Le rôle de la grand-mère

Les vacances de février ont commencé. Beaucoup d'enfants partent chez leurs grands-parents, ils vont retrouver leur grand-mère. Un livre nous a donné envie de vous parler de cette relation particulière.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Christilla Pellé-Douel : Il y a peu, un livre est venu se poser sur mon bureau. Ce
lire intitulé Mémé  et
signé par Philippe Torreton, le comédien, a éveillé en moi une nostalgie  inattendue. Je me suis mise à regretter la
Mémé que je n'ai jamais eue. Il faut dire que Philippe Torreton a un tel talent
pour évoquer la sienne de Mémé... D'une plume à l'extrême sensibilité, pleine
d'humour et d'un amour fou, il évoque la vie de sa grand-mère normande qui a
connu une vie si dure de paysanne et d'ouvrière. Mais surtout, il fait vivre le
lien qui l'unissait à sa Mémé. Je vous en donne un petit échantillon, histoire
de vous donner envie d'aller y voir par vous-même :

"Mémé ne savait
pas faire des bises, elle n'avait pas été bien loin sur le chemin des
caresses...alors, tous les dimanches soirs je lui donnais des cours
particuliers, je lui donnais des lignes de bisous à recopier..."

Philippe Torreton parle
d'une enfance des années 70, cela a quand même dû changer depuis.

Les conditions matérielles ne sont plus les mêmes bien
sûr : les grands- mères travaillent souvent encore,  et sinon, elles débordent  d'activité, elles sont issues de la
génération qui a connu Mai 68.  Mais en
ce qui concerne la relation elle-même, c'est toujours la même chose. La
relation avec la grand-mère inscrit l'enfant dans l'histoire familiale, elle
est rassurante: elle témoigne à l'enfant à l'enfant de la pérennité de l'amour
familial, elle est un gage de solidité. La relation avec la grand-mère, c'est
une relation maternelle moins les enjeux, moins la culpabilité. La place de la
grand-mère est celle de la mère de la mère, c'est à dire le témoignage de la
force du rôle maternel dans la famille. Une grand-mère peut cajoler, soigner,
être disponible davantage qu'une mère, elle n'a pas pour mission d'élever ses
petits-enfants. Elle offre donc un cadre à la fois plus rassurant et plus libre  qu'avec les parents. Les grands-mères
reçoivent souvent les confidences de leurs petits-enfants. Ils leur disent ce
qu'ils ne peuvent confier à leurs parents, sachant qu'ils ne seront pas jugés
mais entendus. Avec une grand-mère, il y a souvent moins d'inhibitions et
d'agressivité qu'avec une mère. Observez les adolescents, souvent bien plus
sympathiques avec leur grand-mère qu'avec leur mère.

Une grand-mère n'est
pas toujours l'idéal que vous décrivez...

Heureusement ! Chaque grand-mère est différente et instaure
un lien spécial avec ses petits-enfants, mais il y a des éléments
immuables : le témoignage sur l'histoire de la famille, l'inscription dans
le temps,  la succession des générations,
la transmission. Il ne s'agit pas là de la grand-mère qui raconte des histoires
au coin du feu, mais de celle qui par sa présence témoigne du passé. La Mémé de
Philippe Torreton lui a transmis une mémoire vivante de la guerre, il jouait
aux allemands dans le jardin avec ses frères. Elle lui a
transmis le sens des réalités, la valeur du courage, par sa présence, par son
mode de vie. Pour d'autres, ce sera la transmission de la culture ou de la
cuisine ou du jardin, de la nature. Je pense à l'actrice Marisa Berenson
parlant de sa grand-mère, la couturière Elsa Schiapparelli, qui lui a
communiqué son esthétisme, son extravagance. Ou à ma propre mère qui lisait des
livres à ses petits-enfants sans se fatiguer des heures durant. Ajoutons que
les grands-mères d'aujourd'hui, par leur activité, leur dynamisme, l'éducation
à laquelle elles ont accédé, sont  un
modèle positif de la féminité pour leurs petits-enfants. On est loin
aujourd'hui de l'image d'une grand-mère courbée, résignée et peut-être soumise.
Alors, sans le savoir, elles participent aussi aux changements des mentalités.
Difficile de voir dans les femmes des êtres de second rôle quand on a eu une
grand-mère féministe.

Pour finir, et rien que pour le plaisir, encore une phrase de Mémé : "Tu ne m'as pas emmené à l'opéra, on ne courait
pas les expos- tes tableaux se trouvaient résumés à des  couvercles de boîtes de chocolats- pas de
défilés haute couture, mais je connais grâce à toi la vie qui pousse derrière
les étables... la vie des talus et des pissenlits bons pour les lapins."

Mémés de toutes les régions, hommage vous soit rendu.

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