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Nouveau monde. Facebook ou le tonneau des Danaïdes de la haine et de la désinformation

Malgré ses efforts, la plateforme ne parvient pas à enrayer la propagation des contenus haineux et complotistes.

Article rédigé par Jérôme Colombain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des logos Facebook. (OLIVIER DOULIERY / AFP)

L’association Reporters sans frontières vient de porter plainte contre le réseau social Facebook pour “pratiques commerciales trompeuses”. Un peu comme une association de consommateurs estimant qu’il y a tromperie sur la marchandise, RSF juge que Facebook ne respecte pas son engagement à "diffuser des informations fiables."

Par exemple, le film Hold-up, truffé de fausses informations et d’allégations sans preuves sur la crise sanitaire, aurait été vu 4,5 millions de fois sans que Facebook ne prévienne de la nature de ce contenu problématique. La plainte vise également les propos haineux. L’association, qui défend la pratique du journalisme, cite notamment le cas du photographe de presse du quotidien ardennais L'Union, récemment agressé, alors que le journal a fait l’objet, avant et après l’agression, de nombreuses menaces sur Facebook.

35 000 modérateurs

Pourtant, on ne peut pas dire que Facebook ne fait rien pour lutter contre ces contenus, mais visiblement cela ne suffit pas. Le réseau social fait travailler 35 000 modérateurs humains et il existe des mécanismes de surveillance automatique à base d’intelligence artificielle, mais qui se révèlent assez imparfaits. Le réseau social compte aussi beaucoup sur les signalements des utilisateurs. La firme de Mark Zuckerberg explique que sa stratégie repose sur trois piliers : supprimer, réduire et informer. Elle se défend d’encourager la haine et la désinformation pour maintenir son audience et son modèle économique, en expliquant que, au contraire, s’il y a trop de fausses informations, les gens ne viendront plus.

Facebook a supprimé 1,3 milliard de comptes problématiques (fictifs ou diffuseurs de propos haineux ou de fausses informations) durant les derniers mois de 2020. En France, des partenariats ont été passés avec des médias (Décodeurs du journal Le Monde, Checknews de Libération et l’AFP) pour vérifier les informations et débusquer les fake news. Mais cela ne suffit pas. Cela ne suffit jamais. C’est le tonneau des Danaïdes.

Avec cette plainte de RSF, la justice devra dire, finalement, si Facebook a seulement une obligation de moyen ou une véritable obligation de résultat.

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