Planète influenceurs. Maykel Osorbo, le rappeur qui défie le régime cubain et réclame la liberté d'expression
Cet été, franceinfo vous emmène à la rencontre des influenceurs et des influenceuses du monde. Maykel Osorbo est un rappeur cubain qui utilise sa notoriété sur les réseaux pour s'opposer au régime castriste.
Maykel Osorbo, de son vrai nom Maykel Castillo, utilise les réseaux pour publier ses chansons et dénoncer les abus des autorités. Dans ses vidéos en direct sur Facebook, l’artiste de 37 ans, très surveillé, s’adresse régulièrement aux dirigeants cubains. "On sait très bien qui vous êtes, et vous savez qui on est nous aussi, nous nous sommes des artistes, pas des politiques !", lance-t-il dans l'une de ses vidéos.
Ce "nous" qu’emploie Maykel Osorbo fait référence à tous ces artistes réprimés à Cuba. S’il se filme, c’est surtout pour dénoncer la persécution dont ils font l’objet depuis 2018, avec la mise en place du décret 349, qui oblige les artistes à demander la permission du ministère avant de se produire sur scène ou de vendre une œuvre.
Etre plus connecté pour être plus visible
Les réseaux sociaux servent au rappeur de caisse de résonnance et le soutien qu’il y trouve le protège comme il l’expliquait en interview il y a quelques mois. "J’ai fait une chanson sur le dictateur Fidel Castro et ils m’ont mis un an en prison, raconte-il, Ensuite j’ai fait un concert contre le décret 349, et j’ai repris un an et demi ! Mais c’est comme si ça n’avait servi à rien, parce que quand tu n’es pas visible, que personne te connait et qu’il n’y a pas Internet, parce qu’à cette époque on n’avait pas Internet, c’est comme si j’étais endormi ! Et je l’ai compris, et je me suis dit qu’il fallait que je sois plus connecté, que je sois plus sur les réseaux."
Maykel Osorbo répond régulièrement en direct à ses followers, qui le soutiennent et l’incitent à protester dans la rue. "Tonio, ça sert à rien de me dire de sortir, parce que je vais même pas arriver à l’angle de la rue qu’ils vont déjà m’arrêter !, rétorque-t-il à un internaute, Donc ça sert à rien ! C’est tout le peuple qui doit sortir dans la rue pour réclamer ses droits."
Le rappeur est finalement arrêté en mai 2021
Régulièrement assigné à résidence, Maykel se sert d’Internet pour s’échapper, s’ouvrir au monde, du moins quand il le peut, car régulièrement sa connexion est coupée. Parce qu’il s’exprime et dénonce, Maykel Osorbo, comme bien d’autres artistes, est considéré par l’Etat cubain comme un mercenaire, payé par les Etats-Unis pour faire tomber le régime. Ce qui est faux dit le rappeur, qui trouve tout de même dans sa communauté un soutien financier. "Moi j’ai 70 000 followers sur les réseaux sociaux, alors quand je veux faire un clip, je fais un live et les gens se connectent et me demandent ce dont j’ai besoin !"
Ainsi, dans son dernier direct sur Facebook en mai dernier, il alerte sa communauté : "Bon je rentre chez moi, je vais sortir, ils vont sans doute m’arrêter et m’emprisonner mais je vais sortir, comme ça tout le monde le sait, ok, on est super connectés !"
Depuis ce live, Maykel Osorbo est emprisonné. Ses comptes Facebook et Instagram continuent d’être alimentés par ses amis, "super connectés" comme répètent souvent ces artistes protestataires.
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