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Planète Sport. Sport et féminisme : quand les voix s'élèvent

Entaché par de nombreux scandales, le monde professionnel du sport tend à changer, notamment grâce aux prise de paroles des femmes qui évoluent dans ce milieu.

Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Stéphanie Frappart s'est imposée dans le football professionnel en devenant la première arbitre femme de Ligue 2 puis de Ligue 1. (PHILIPPE RENAULT / MAXPPP)

Planète Sport, le rendez-vous de l’été qui explore les sujets à la lisière entre le sport et la politique, va à la rencontre des femmes qui avancent dans un monde pétri de virilité, façonné par une vision souvent machiste. Un univers aussi entaché par de nombreux scandales de harcèlements sexuels. Les sportives de haut niveau évoluent-elles dans un monde qui leur convient ? Ont-elles la possibilité d’être entendues ? Le scandale Me Too et les récentes politiques sportives mises en place donnent, en tout cas, l’impression d’avoir relancé le combat féministe dans le monde du sport.

C’était il y a quelques semaines, le tennis mondial, n’échappant pas aux règles de confinement, se retrouve totalement figé par la crise sanitaire. Un appel au don est lancé par Novak Djokovic pour venir en aide aux joueurs les plus précaires. Mais l'un des cadors du circuit masculin, Dominique Thiem, refuse d'y contribuer. Ines Ibbou, 615e au classement WTA, se charge alors de le rappeler à l’ordre.

Le 9 mai 2020, la joueuse algérienne enregistre un message d’une dizaine de minutes. La voix est calme, le discours ferme. Elle rappelle à Thiem à quel point le monde du tennis est inégalitaire : "Tu sais, dans un pays comme le mien, c’est n’est pas simple pour une femme d’être une athlète...”

Une prise de parole spontanée que la sociologue du sport Béatrice Barbusse pourrait assimiler à une forme de féminisme en action. "Il n'y a rien de formalisé, ni d’organisé, mais de plus en plus fréquemment, les sportives élèvent leurs voix”, analyse-t-elle. 

La place du corps dans le sport

Première femme en France à avoir dirigé une équipe professionnelle masculine, Béatrice Barbusse est bien placée pour évoquer les chantiers féministes dans le sport : harcèlement, gouvernance, salaires, et la question centrale du regard que l’on porte sur les sportives et sur leur corps.

“Toute l’hypersexualisation qu’il peut y avoir de la performance sportive ou de la sportive, tout ce qui est de l’esthétisation, c’est ça qui m’embête et qui m’énerve. On met plus l’accent sur les à côtés que sur l’aspect sportif, raconte l'ancienne joueuse de hanball. La question du corps, elle, est fondamentale et dans le sport, on est au cœur de la problématique féministe…"

Comment habille-t-on ce corps ? Comment doit-il se mouvoir ? Est-ce qu’il doit être musclé ? Est-ce qu’on a le choix de s’habiller comme on veut quand on est sportive ? Pas tout le temps, on nous impose parfois la jupette par exemple.

Béatrice Barbusse

à franceinfo

"Une fille qui est trop musclée a de fortes chances d’être traitée de garçon manqué, continue la sociologue. Ce sont des questions que les hommes ne se posent pas. Au contraire, ils peuvent, eux, se permettre de mettre en valeur leurs muscles, c'est une preuve de virilité."

Une virilité encore aujourd’hui sanctuarisée dans certains sports. “La tradition japonaise nous interdit de pénétrer sur le Dohyo”, témoigne la championne japonaise de sumo Hiyori Kon. Elle se bat pour la création d’un statut professionnel féminin dans sons sport. “Si nous, lutteuses de sumo, arrivons à nous faire entendre, j’espère alors que de plus en plus de gens nous aiderons à réparer cette inégalité dans notre sport.” Un documentaire, Little Miss Sumo, lui est consacré sur Netflix.

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