Polars d'été. "La Proie" de Deon Meyer

Watchout, le rock âpre et rugueux du Sud-Africain Jan Blohm, dégage la même énergie et force que le nouveau roman de son compatriote Deon Meyer, écrit lui aussi en afrikanner. On retrouve en partie dans La Proie la communauté des personnages de ses précédents romans, à savoir ses flics cabossés mais incorruptibles et son guerrier de la branche militaire de l'ANC, héros clandestin de la lutte contre l'apartheid. 

Le roman part de deux endroits. D'abord du Cap, où Benny Griessel et Vaughn Cupido, de la brigade des Hawks, sont confrontés à un crime. Le corps d’un ancien membre de leur service, devenu consultant en protection personnelle, a été balancé par une fenêtre du train le plus luxueux du monde. Et puis de Bordeaux, où parallèlement, Daniel Darrett, ancien combattant de la branche militaire de l’ANC, mène une vie modeste et clandestine, hanté par la crainte que son passé ne le rattrape jusqu'à ce qu'un ancien camarade vienne lui demander de reprendre du service. Ces deux chemins vont mener le lecteur au même endroit et à la même vérité.
 
Après la dystopie L’Année du lion, La Proie marque le retour de Deon Meyer au polar. Et on devine sous la plume de l'auteur un homme très en colère. En colère contre la corruption et ce qu'est devenue l'Afrique du Sud sous la présidence de Jacob Zuma pourtant jamais cité dans le livre. Le roman est nourri de tous les scandales qui ont émaillé la carrière politique de Zuma, jusqu’à sa démission en 2018. 

Deon Meyer s'est fait connaître en France pour ses romans pas très optimistes sur les années post-apartheid. Celui-ci dresse un tableau encore plus noir de son pays. C'est en tout cas mené avec une très grande virtuosité. Un roman captivant et efficace qui donnera certainement envie au lecteur qui découvre Deon Meyer de lire ses autres romans publié au Point Poche où il retrouvera une partie des personnages présents dans La Proie, paru lui dans la Série noire de Gallimard.