Salle des parents : plus facile à dire qu'à faire
Sur le
papier, rien de plus simple effectivement : les établissements doivent
prévoir une salle, accessible de manière autonome aux parents et à leurs
délégués.
A quoi servira-t-elle ?
Elle
sera, je cite " principalement dédiés aux rencontres individuelles
ou collectives " et devra faciliter " la participation des familles,
les échanges et la convivialité ". En outre, je cite encore " des
actions et projets collectifs, en lien avec le projet d'école ou
d'établissement, pourront être proposés dans ces espaces par les parents,
leurs représentants et leurs associations, mais aussi par les équipes éducatives
ou des partenaires de l'école "
Objectif lui aussi très simple : favoriser la
réussite des élèves
Oui.
L'implication des parents est un des leviers de réussite scolaire les plus
efficaces, et c'est d'ailleurs vrai dans le monde entier – beaucoup de
programmes liés à l'éducation de base prévoient aujourd'hui d'impliquer les
parents et parfois les fratries. Si toute la famille ne se sent pas impliquée,
la réussite est plus difficile, a fortiori pour les publics les plus éloignés de
l'école. L'Education nationale veut donc, je cite " Rétablir la confiance entre l'Ecole et les parents d'élèves et permettre
ainsi une élévation générale du niveau de tous les élèves ". Les
fédérations de parents et le syndicat majoritaire de chefs d'établissements
sont d'accord.
Ça semble tellement simple qu'on se demande pourquoi
ça n'existe pas...
En
fait, quand c'est simple ça existe déjà, sans qu'il soit besoin de l'écrire
dans la loi ou de prévoir une salle. Beaucoup d'établissements ont déjà mis en
place des dispositifs parfois assez élaborés pour faire entrer les parents dans
l'école, ; ça marche plus souvent au primaire qu'au collège ; ça
marche mieux quand c'est soutenu et porté par les autorités académiques comme
avec l'expérience de la " mallette des parents " à Créteil ou
une expérience menée dans l'académie de Rennes avec ATD Quart Monde ; ça marche
aussi dans beaucoup d'établissements privés ; en somme ça marche quand il
y a une volonté partagée, quand les interlocuteurs sont faciles à identifier –
c'est le cas en primaire – ou quand ça fait partie intégrante du contrat entre
l'établissement et les parents.
Et donc ce n'est pas le cas
partout...
Loin
s'en faut, d'où l'ambition de généraliser le dispositif. Et c'est là que ça se
complique...
Physiquement d'abord : ces salles, il va
falloir les trouver...
Oui. Et
quand des aménagements seront nécessaires discuter avec les collectivités – ce
sont elles qui gèrent le bâti – les mairies pour le primaire, les conseils
généraux pour les collèges, les conseils régionaux pour les lycées. Ensuite il
faudra trouver quoi faire dans ces salles, ce qui renvoie à la notion de
communauté éducative.
Logiquement, les parents font
partie de cette communauté...
Oui.
Depuis 1989 et la loi Jospin qui instituait le parent coéducateur. C'était en
quelque sorte la fin d'une répartition des tâches ancienne qui renvoyait
l'instruction à l'enseignant et l'éducation au parent. Condorcet en son temps
avait même imaginé une cérémonie ritualisée à chaque rentrée, au cours de
laquelle un enseignant et un parent prononceraient une sorte de serment mutuel,
le parent remettant symboliquement, au nom des familles, les enfants aux
maîtres pour leur instruction, le maître s'engageant à assurer ladite
instruction mais tout en laissant l'éducation aux familles. La suite de
l'histoire a longtemps été celle d'un affrontement entre école et famille,
l'école s'efforçant de soustraire l'enfant à l'influence de la famille, soit
pour réussir à le scolariser – et pour cela il ne fallait pas qu'il soit aux
champs ou en train de travailler – soit pour le laïciser.
Affrontement école-famille qui se
traduit parfois par une opposition enseignants-parents...
En
effet, la distinction n'est pas toujours simple. Et il y a bien une méfiance à
défaut d'une défiance d'un certain nombre d'enseignants à l'endroit des
familles qui, parfois, le leur rendent bien. C'est donc aussi tout le poids de
cette histoire qu'il va falloir bousculer.
On voit la difficulté de mettre
d'accord parents, enseignants et collectivités sur la question des rythmes
scolaires... Vous nous dites que pour
réussir ces " espaces parents ", il faudra aussi en passer par là....
Exactement.
Formellement c'est quand moins compliqué. Mais symboliquement c'est assez
chargé. C'est aussi à se demander s'il n'aurait pas fallu passer directement à
la case numérique pour utiliser les espaces collaboratifs qui commencent à
exister. Pour l'instant ils sont dédiés à l'information des parents notamment sur
les notes ou les absences. Mais rien n'empêche d'en, faire aussi des zones de
dialogue ou de projet, en tout cas dans les établissements où les parents ont
un rapport fluide à l'expression écrite, ce qui est le cas de la majorité.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.