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Vincent Peillon : chronique d'un départ annoncé

François Hollande a confirmé que l'éducation demeurait en tête des priorités de son pacte social... Mais il a choisi de se séparer de Vincent Peillon, le ministre qui incarnait le projet éducatif du PS, pour nommer à sa place Benoit Hamon. Est-ce que cela peut changer la donne ?
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
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Le départ de Vincent Peillon, ce n'est pas franchement une
surprise – nous avions dit voici un an sur France Info qu'il profiterait
probablement du premier remaniement pour sortir du gouvernement. C'est un pari
politique – Vincent Peillon est dans la force de l'âge, sa vie politique va continuer , il joue le coup d'après, et il a
commencé dès hier. Un de ses derniers gestes en tant que ministre a été de faire
diffuser auprès les médias un document intitulé " deux ans de refondation ".
Sous-entendu : j'ai posé le cadre conceptuel, j'ai mis en place les
instances, j'ai établi un calendrier, c'était le plus difficile. Mission accomplie ; le reste n'est
qu'exécution. Et si ça échoue, il pourra toujours dire qu'il n'y est pour rien. D'autant que la tonalité sur son bilan est globalement positive, sauf quelques erreurs de communication.

Les difficultés de la réforme des rythmes scolaires

Cette réforme aura été dès les premiers mois le
boulet de Vincent Peillon, et on ne saura jamais à quel point elle a pesé
dans la déroute du PS aux Municipales. La droite va en tout cas mettre la
pression sur ce dossier
 ; elle a déjà redemandé le retrait de la réforme
par la voix de ses poids lourds - Jean-François Copé et Alain Juppé. On devrait
aussi reparler de la proposition de loi du député-maire UMP de Saint-Quentin,
Xavier Bertrand, qui vise à laisser le " libre choix " aux communes.

**Et en dehors de la

question des rythmes ?**

Tous les chantiers névralgiques restent ouverts. Il y
a d'abord la question des programmes , dont la refonte a déjà été repoussée d'un
an, question qui semble technique mais qui a vite fait de s'imposer dans le
débat public. On peut rappeler la tentative de Claude Allègre d'alléger les
horaires au lycée  ; cela s'était traduit par une rugueuse campagne contre
ce que ses opposants, de droite comme de gauche, avaient appelé le " lycée
light " - le lycée allégé. On peut rappeler les passes d'armes politiques
et médiatiques autour de l'enseignement de l'histoire de la colonisation , quand
la droite, sous la précédente mandature, tenait à ce qu'elle soit également
présenté sous l'angle de ce qu'elle avait apporté aux pays concernés.

La question de l'égalité garçons-filles.

Les militants de la Manif pour Tous s'en sont emparés, mais aussi les associations musulmanes, avec ces Journées de retrait de l'école
qui, dans certains établissements, par exemple en Seine Saint-Denis, ont
convaincu  plus de la moitié des
familles.

Autres chantiers délicats : le collège ...

Aucun ministre n'a osé y toucher depuis des années,
alors que c'est bien à ce niveau que se cristallisent les inégalités qui
conduisent au décrochage près de 150.000 jeunes par an
. Là, le dossier semble
verrouillé par l'opposition du Snes-FSU, le syndicat majoritaire dans le
secondaire, qui ne veut entendre parler d'aucune des évolutions qui permettent
dans certains cas ou dans certains pays de changer les choses, que ce soit la
possibilité de confier plusieurs matières au même enseignant, comme en
primaire, ou bien de modifier le mode de calcul du temps de travail des
enseignants. Cette bataille-là est interne à la gauche et rien ne dit que Benoît
Hamon prendra le risque de la mener dans le contexte actuel.

**Et le

lycée.**

Le bac est un monument en péril mais un monument national. Les
dernières tentatives d'y toucher ont eu pour résultat de mettre les lycéens
dans la rue, cauchemar de tous les gouvernements. Benoît Hamon, qui connaît par
cœur les mouvements de jeunesse, est le mieux placé pour mesurer le risque.

**Si tout est bloqué du

primaire au lycée, rien ne va changer ?**

Sur le fond, c'est une hypothèse plausible. D'autant qu'en lâchant 60.000
créations de postes dès la campagne des primaires socialistes, sans aucune
contrepartie, François Hollande a pieds et poings liés ses ministre de
l'éducation, contraints de négocier avec les syndicats avec bien peu de marge
de manœuvre. De même en s'abstenant de détailler son programme en matière
d'éducation et en se contentant d'énoncer des grands principes, il ne peut même
pas se prévaloir d'un réel et solide mandat des électeurs.

L'unique marge de manoeuvre : la forme

Et elle
n'est pas nulle. Autre piste, pour le coup moins visible mais aussi, à ce titre,
moins exposée : réformer le fonctionnement des corps intermédiaires ,
" le management de l'entreprise école " diraient les libéraux.
Beaucoup de personnels le jugent trop vertical, trop administratif,
insuffisamment ouvert à l'initiative, à l'innovation. " Au primaire comme
au secondaire, les enseignants attendaient une nouvelle donne dans
l'administration du système éducatif
, écrit ce matin Le Café pédagogique. Or il
se heurtent à un encadrement qui continue à gérer comme sous Darcos
". 
C'est évidemment moins vendeur au JT de 20
heures, mais cela peut produire au bout du compte des changements
réels et visibles sur le terrain.

 

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