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Le 1er-Mai est-il encore un symbole important ?

La fête du travail et des travailleurs a-t-elle, de nos jours, encore un sens ? Décryptage avec le sociologue Jean Viard.

Article rédigé par franceinfo
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La tête de cortège de la manifestation du 1er mai 2021, à Paris. (S?BASTIEN MUYLAERT / MAXPPP)

Avec le sociologue Jean Viard, directeur de recherche au CNRS, à l'occasion du 1er-Mai, évoquons le sens donné aujourd'hui à la fête du travail et des travailleurs.

franceinfo : La population française est plutôt moins syndiquée que dans les pays voisins : ce 1ᵉʳ mai est-il un moment que les Français affectionnent ?

Jean Viard : Au départ, le 1er-Mai était plutôt la fête des travailleurs que celle du travail. Il faut se rappeler que le 1er-Mai nait d'une journée sanglante à Chicago en 1886, avec des victimes lors d'une grande manifestation pour les 8 heures de travail quotidien. Et puis depuis, cela s'est développé dans le monde entier comme le jour des luttes sociales. En France, la dernière immense manifestation date de 2002, avec plus d'un million et demi de personnes, lors de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle qui opposait Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen. Hors cette exception notable, le 1er-Mai est plutôt une journée de mesure : on mesure si les syndicats ont encore des adhérents, s'ils travaillent ensemble ou non.

Avec les gilets jaunes, on a le sentiment que de nouvelles formes de mobilisation sociales émergent...

Les syndicats se sont en effet beaucoup affaiblis. Aujourd'hui, c'est la CFDT qui est le premier syndicat devant la CGT, alors qu'historiquement cela a longtemps été la CGT. Les grandes manifestations d'avant étaient menées par la CGT Transports : lorsqu'on arrêtait les trains, les métros et les bus, la France s'arrêtait. C'est donc la CGT transports qui symbolisait les luttes sociales.

Aujourd'hui, les revendications, comme celles des gilets jaunes, sont davantage indépendantes...

En effet, et le discours syndical est un discours beaucoup plus collectif, beaucoup plus commun. Notons par ailleurs que le télétravail fait aussi qu'on est moins dans l'entreprise et ce n'est pas très favorable au syndicat. Si l'on travaille plus souvent chez soi, la structuration syndicale risque de reculer. Aussi, on est sur une vraie question de savoir comment, au fond, se réorganisent les rapports de force sociaux dont a besoin une société pour respirer, dans un cadre tès individuel et très mobile.

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