Si j'étais... Vladimir Poutine
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau du président russe, Vladimir Poutine.
Si j’étais Vladimir Poutine, mon admirable faciès viril légèrement botoxé pourrait enfin esquisser un petit sourire en coin, et mon œil torve s’allumer. Maman, je crois pouvoir te dire aujourd’hui que j’ai réussi dans la vie ! Même si au départ, c’est vrai, personne ne misait un kopek sur ma pauvre pomme.
D’agent secondaire du KGB en poste à Dresde (RDA) dans les années 80, me voici devenu l’égal d’Ivan le Terrible, de Pierre le Grand et de Staline réunis ! Mais à leur différence, plus encore que cette triplette de Tchernobyl, mon aura dépasse très largement les frontières de la Grande Russie, ce puzzle ingérable que j’ai la bonté de reconstituer, pièce après pièce, depuis 17 ans.
Plus d'hommes, plus de problème
La réalité c’est qu’aujourd’hui, c’est à moi qu’échoit le rôle de gouverner le monde. Comme, désormais, il n’y a (littéralement) plus personne en face, je vais régler les problèmes. A ma façon. Et le plus comique, le plus sidérant, c’est que ça va très bien à tout le monde, chez vous.
La guerre en Syrie ? Terminée. Grâce à qui ? "Plus d’hommes, plus de problèmes", disait Staline. Il avait raison. Dieu a dit : "Tu ne tueras point." Et Poutine lui a répondu : "On parie ?"
Je suis Chuck Norris !
Oui, insensiblement, j’ai supplanté Chuck Norris au top du Panthéon des héros indestructibles. Avant, on disait par exemple : "Chuck Norris a déjà compté jusqu'à l'infini. Deux fois." Aujourd’hui, on dit : "Poutine ne ment pas, c'est la vérité qui se trompe." Ou : "Quand Poutine s’est mis au judo, David Douillet s’est mis aux pièces jaunes."
Le prochain président des Etats-Unis ? C’est comme pour la Syrie. Pas d’homme, pas de problème. Trump est une marionnette, en l’occurrence la mienne. Une marionnette ne crée jamais de problèmes.
La suite ? Je vous laisse l’imaginer. La Poutinemania ambiante dans le monde occidental m’ouvre un boulevard. Car "Poutine ne dort pas. Il attend."
Je fais ce qui ne se fait pas
Le secret de mon triomphe est très simple : il y a ce qui se fait, et ce qui ne se fait pas. Le monde est ainsi séparé en deux : ceux qui font ce qui se fait et ceux qui font ce qui ne se fait pas. Moi, mais vous l’aviez deviné, j’ai choisi de faire ce qui ne se fait pas.
Ce qui ne se fait pas est rarement moral, mais toujours efficace. Et jamais démocratique. Contrairement à vos dirigeants européens, je n’ai aucun problème de réélection, je suis là jusqu’en 2024, minimum. Et en pleine santé. La déliquescence généralisée de l’Occident, je n’ai pas eu besoin de l’organiser, comme on faisait au KGB au temps béni d’Andropov, je vous ai regardé la mettre en œuvre.
Je donne le "la" à vos populistes, j’incarne la Grande Russie, comme ils rêvent à leur tour d’incarner la grande Amérique again, la grande France, la grande Allemagne réunifiée, la Grande-Bretagne…enfin le grand Royaume-Uni. On a déjà connu ça, non ? Et on a vu comment ça s’est terminé. Mais ça vous empêche pas d’y retourner. À toute vitesse. À mes côtés. Car "Poutine est contre les radars automatiques : ça l'éblouit lorsqu'il fait du vélo."
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