Tout est politique. "Le président de la République veut gérer le pays comme une entreprise", estime Philippe Martinez
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, était l'invité de Tout est politique, jeudi sur franceinfo. Alors que le gouvernement a lancé les concertations sur le 2e volet de la réforme du marché du travail, il affirme que "le président de la République veut gérer le pays comme une entreprise".
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, était l'invité de Jean-François Achilli dans Tout est politique, jeudi 12 octobre sur franceinfo. Il est revenu sur le lancement des concertations entre le gouvernement et les syndicats concernant le second volet de la réforme du marché du travail. Les syndicats sont en effet reçus jeudi et vendredi à l'Élysée, pour se pencher sur la réforme de l'assurance chômage, de la formation professionnelle et de l'apprentissage.
Faire le ménage dans les entreprises de formation
Philippe Martinez estime que le système de la formation professionelle est opaque à l'heure actuelle, avec presque 75 000 organismes de formation en France. "Il y a des entreprises qui ont vu le marché s'ouvrir en matière de formation, qui n'ont ni les locaux, ni les moyens, ni les personnels adaptés pour faire de la formation, qui sont agréés pour faire de la formation et qui touchent beaucoup d'argent. Cet argent ne sert à rien." D'après lui, il faut donc réévaluer de fond en comble les acteurs du monde de la formation professionnelle pour s'assurer de leur qualité. "Il y a besoin de faire le ménage dans toutes ces entreprises de formation qui font tout sauf de la formation."
Philippe Martinez aimerait que les entreprises qui dispensent la formation professionnelle soient suivis de plus près par les services de l'État. "On ne contrôle jamais la qualité de la formation ni le contenu des formations", affirme le secrétaire général de la CGT. Un paradoxe selon lui, alors que des structures d'État existent. "À côté de ça, on a un établissement public qui s'apelle l'Afpa, qui est reconnu et qu'on laisse mourrir alors que les formations sont reconnues et de qualité."
Un Président déconnecté de la réalité du terrain
Philippe Martinez s'est également exprimé sur les relations qu'entretient Emmanuel Macron avec le monde du travail. "Le Président est dans son monde à lui, il faut qu'il se rende compte qu'il y a un autre monde", a estimé le secrétaire général de la CGT. Selon lui, c'est un problème qui touche un certain nombre d'acteurs de la vie politique. "Le président de la République veut gérer le pays comme une entreprise", a également déclaré Philippe Martinez. "Quand on parle travail avec le Président, il vous répond emploi ou chômage."
D'après le secrétaire général de la CGT, Emmanuel Macron ne s'interroge pas assez sur ce que recouvre le mot "travail". "Si on prend, par exemple, le milieu hospitalier. Au moment où on veut mettre un jour de carence aux fonctionnaires, on n'analyse pas la cause de ces maladies professionnelles ou de ces arrêts de travail. On dit 'Ce sont des fainéants'. Quand on va côtoyer le travail, on voit qu'il y a de la souffrance au travail, des burn out. On doit soigner le travail plutôt que de culpabiliser ceux qui sont en arrêt maladie." Selon lui, le manque de lien entre le chef de l'Etat et le monde du travail peut conduire à passer "à côté de choses essentielles" et conduire à trouver "des solutions qui ne correspondent pas à des réalités du monde du travail."
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