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Gérard de Cortanze : "L'écriture naît toujours d'une faille d'enfance"

Gérard de Cortanze, romancier à succès, traduit en 15 langues, auteur d'une soixantaine d'ouvrages, des romans historiques, des biographies, y compris la sienne et celle de sa famille, a reçu le Prix Renaudot en 2002 pour Assam. Il publie L'an prochain à Grenade, chez Albin Michel.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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L'an prochain, à Grenade, raconte l'histoire de Galah. Il commence en 1066 et se termine de nos jours, avec les mêmes personnages, en passant par le 11 septembre.

"Je voulais parler d'intolérance, de guerres, donc il fallait que je traverse les siècles. Il fallait que ce soit un seul personnage et c'est pour cela que le livre est écrit au présent. Au fur et à mesure que j'avançais dans le livre, je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien à inventer et que tout était déjà là. Les choses n'ont pas évolué. C'est un livre pour démontrer que l'antisémitisme est aussi virulent aujourd'hui que jadis. "

Le plagiat

Gérard de Cortanze travaille avec une documentation phénoménale. Il répète qu'un écrivain, c'est d'abord un lecteur qui peut se permettre de piller les confrères.

"Je suis une sorte de banquier qui dit : enrichissez-vous en empruntant à Borges, à Hemingway, à Kafka, à Pessoa, et à Dante... ".

Il y a quelques années l'affaire Macé-Scaron avait beaucoup choqué le monde littéraire. Cet auteur, pris en flagrant délit de plagiat, assumait avoir recopié des passages entiers de tel ou tel auteur.

"Cela ne me gêne pas. L'important c'est à l'arrivée, est-ce qu'il y a une œuvre littéraire qui se tient ou pas ? L'important c'est que moi j'ai écrit ce livre, que l'on me pique après, cela à déjà été fait, je m'en moque. "

Pas de relecture

Gérard de Cortanze est un boulimique. Il a écrit plus de 15.000 pages. Ce qui l'intéresse dans l'écriture, c'est le jaillissement, bien plus que la relecture et les corrections.

"Chaque livre commence comme un sorte de scénario. J'écris 80 pages, le livre est déjà-là, donc il n'y a pas de problème de redite. L'écriture se fait à partir de ses 80 pages et c'est très facile. Je raconte ce qui peut se passer entre telle ou telle scène. Je n'ai jamais eu de problème de redite. "

Le rital

Gérard de Cortanze est d'origine italienne, son vrai nom : Gérard Roero di Cortanze. Enfant, il était le rital ou le  macaroni . Dans les années 50, c'était une insulte, qui sonnait comme bougnoule dans les années 70. A l'école on lui donnait 1.000 surnoms, du coup, il avait honte de ses origines italiennes, alors qu'il descend d'une immense famille d'aristocrates.

"On m'appelait spaghetti et j'étais triplement exclu. Je venais d'une famille aristocratique du côté de mon père, je vivais à Saint Ouen, et ma mère était fille d'ouvrier. Il y avait cette triple exclusion : le monde ouvrier, l'aristocratie et le fait d'être italien. "

C'est ce rejet qui l'a poussé à l'écriture. "Je pense que l'écriture naît toujours d'une faille d'enfance. Ma faille c'est le rejet de l'Italie. La seule façon de m'en sortir était d'édifier autour de moi une muraille de livre. J'ai donc beaucoup lu et donc beaucoup écrit pour édifier cette muraille. "

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