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Maître Henri Leclerc : "Aujourd'hui, la justice est encore très sévère"

Maître Henri Leclerc, avocat, figure du Barreau, ancien président et désormais président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme. Il a défendu Richard Roman et l'a fait acquitter, Florence Rey, Véronique Courjaut, DSK dans l'affaire Tristane Banon, ou encore Dominique de Villepin dans le dossier ClearStream.
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
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Maître Henri Leclerc a signé la pétition des avocats qui dénonçaient une atteinte au secret professionnel des avocats dans le fait que les conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat aient été enregistrées dans le cadre de l'affaire du financement de la campagne de 2007, comme la plupart de ses confrères.

"Les avocats ne sont pas au-dessus des lois mais il y a quelque chose qui est au-dessus de lois ce sont les principes fondamentaux. Les droits de la défense sont sacrés. Le problème c'est qu'il n'y a pas de défense possible sans confidence et cette confidence elle doit être protégée. C'est pourquoi j'ai protesté, parce que j'ai estimé que c'était inadmissible et que M. Sarkozy, comme tout le monde, avait le droit à une défense."

Il a eu une réaction très remarquée en janvier 2014 dans le cadre de l'affaire Dieudonné. Les spectacles de l'humoriste ont été interdits, au nom du trouble à l'ordre public. Une décision que Maître Henri Leclerc a contestée en tant que président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme.

"C'est un personnage infect, ces propos sont intolérables, mais la liberté d'expression passe avant tout. L'interdiction du spectacle de Dieudonné n'est pas quelque chose de totalement effrayant, mais en même temps il faut faire attention parce que cela nécessite une appréciation sur la nature même d'un spectacle. Un homme comme Dieudonné sait très bien tout cela et il veut se poser en martyre. L'interdiction de son spectacle risque d'en faire quelqu'un qui va prendre une importance irraisonnable."
Sa carrière

Maître Henri Leclerc a 81 ans et il plaide toujours. Il a beau savoir qu'il devra s'arrêter un jour, il n'est pas pressé. "Je crois qu'il faut avoir l'énergie et je pense que je m'arrêterais le jour où je sentirais qu'il est temps de s'arrêter."

Sa première affaire : six mois de prison ferme pour un homme qui avait bu du lait dans une bouteille déposée dans la rue. A titre de comparaison, on condamne aujourd'hui à six mois de prison ferme pour un braquage de banque. Vous imaginez la différence de gravité entre un braquage, et boire du lait dans une bouteille!

"J'ai trouvé un article dans un journal qui s'appelle le Jour et qui date de 1900 et dans lequel le Procureur général se plaint de la délinquance des jeunes. Il dit : De plus en plus jeunes et de plus en plus violents. Si on est de plus en plus jeune depuis 1900 cela devrait être des criminels au berceau aujourd'hui. Je ne crois pas qu'il y ait du laxisme. Je crois que les moyens de communications ont changé, qu'il y a plus de choses qui se savent. Aujourd'hui, la justice est encore très sévère."

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