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Brexit : concurrence ouverte avec la City ?

A quelques jours du référendum britannique, cette éventuelle sortie de l’Union Européenne ne fait pas qu’inquiéter le monde politique et économique, elle inquiète aussi des places financières plutôt fébriles.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
  (La City de Londres © Maxppp)

Elle inquiète dans tous les cas de figure. Car quel que soit le résultat de ce référendum, la Grande Bretagne en sortira changée et sa place boursière aussi. Cette consultation de jeudi prochain sonne un peu comme une alerte au sein des grandes entreprises internationales qui songent déjà ramener certaines de leurs activités en Europe continentale comme l’a déjà annoncé la banque HSBC. 

C’est aussi la réflexion que mène l’électricien français ENGIE. Il y a huit jours, l’opérateur boursier français Euronext estimait que Londres ne devait pas rester le centre financier de l’économie européenne car la plupart de ces grandes entreprises se trouvent sur le continent alors que les grandes banques qui s’occupent de leurs actifs sont à Londres d’où elles gèrent près de la moitié du trading sur l’Euro. Ce qui pour certains constitue une anomalie et doit être rééquilibré.

L’optimisme de Deutsche Börse

La Deutsche Börse est optimiste, forcément, puisqu’elle est en passe de racheter le London Stock Echange dans le cadre des fusions qui se font entre places financières depuis plusieurs années. Pour Deutsche Börse, les connexions internationales de la City existeront toujours après le Brexit et une sortie de la Grande Bretagne de l’Union ne serait pas une raison suffisante pour remettre en cause ce projet de fusion. Tout au plus, elle le retarderait car peut-être faudrait-il évidemment revoir le cadre réglementaire.

A Francfort on considère que, même après un Brexit, la City resterait la place financière la plus importante du monde. Pourtant bien des économistes ne partagent pas cette confiance aveugle. D’abord parce que ce secteur, qui représente 10 % du PIB britannique, risque de perdre ses accès privilégiés aux marchés européens. Probléme quand on sait que les 3/4 des activités des banques d’investissement européennes sont à Londres et qu’elles seraient alors en quelque sorte gérées off-shore.

Une place à prendre ?

Paris fourbit ses armes pour profiter des conséquences de ce Brexit. Un comité "Place financière de Paris 2020" est en charge de promouvoir les activités de la place parisienne qui n’a pas pourtant pas tous les atouts dans sa manche, loin s’en faut. Ses législations fiscales et sociales ne sont pas des plus avantageuses. Paris envisage donc de supprimer la taxe sur les salaires qui pèse sur le secteur financier français et veut aussi améliorer le statut des cadres expatriés chez nous : traders de la City, on vous attend, le message est clair. Mais il s’agit d’abord d’attirer les entreprises internationales.

Et Paris n’est pas la seule à vouloir récupérer les miettes de la City après un éventuel Brexit. Francfort bien sûr mais aussi Dublin, Amsterdam et Luxembourg s’y préparent. L’éventuelle dépouille d’une City potentiellement affaiblie n’est pas encore pour demain et sur le sujet à Bruxelles, on reste muet.

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