Acier chinois : l'Europe contre-attaque

C’est une mobilisation hors du commun à laquelle nous allons assister aux abords de la Commission européenne : quelque 5.000 ouvriers et patrons de la métallurgie manifestent avec dans leur collimateur la Chine considérée comme une grande concurrente déloyale.

L’acier est comme le carton ondulé, un thermomètre de la conjoncture.

Le carton ondulé c’est l’emballage. Quand l’emballage tourne bien, c’est bon signe. Inversement, si le secteur stagne, c'est que l'activité n'est pas au meilleur de sa forme.

L’acier, c’est la matière première à la base de la fabrication de beaucoup de produits de consommation courante. Une baisse de sa production traduit un ralentissement général. A cela vient s’ajouter la vice concurrence chinoise.

La Chine, une concurrence si féroce

L’Union européenne est le deuxième plus gros producteur d’acier au monde après la Chine, avec près de 180 millions de tonnes produites par an, soit 11% de la production mondiale.

Sur la seule année 2015, les exportations chinoises ont bondi de plus de 50%... la surproduction de l’acier chinois atteindrait, selon les experts, 340 millions de tonnes.

Ces dernières années, quelque 40.000 emplois ont été perdus dans le secteur. On a vu récemment les ravages sur un groupe comme Arcelor-Mittal, contraint de réduire encore la voilure notamment en Espagne et en Italie après Florange en Moselle.

Vallourec, déjà touché par la chute des cours du pétrole, doit aussi faire face à la concurrence des tuyaux sans soudures – son cœur de métier – fabriqués en Chine et, disons-le, de bien moins bonne qualité.

En quoi la manifestation à Bruxelles peut être utile ?

Les producteurs européens d’acier qui accusent la Chine de vendre à perte verraient d’un très mauvais œil l’octroi à la Chine du statut d’économie de marché. Les 28 pays membres de l’Union en discutent en ce moment et doivent prendre une décision d’ici la fin de l’année.

La Chine est-elle une économie de marché ? Non, à partir du moment où elle ne respecte pas les règles de concurrence internationale.

Récemment, l’Union européenne a annoncé l’ouverture d’enquêtes visant les importations de plusieurs types de produits et n'exclut pas des sanctions.

Si l’Europe ne se montre pas ferme sur ce dossier, c’est une longue liste d’autres secteurs qui va s'allonger : la céramique, le verre, les panneaux solaires... là, ce sont 60.000 emplois menacés.