Big Data ou Big Brother ?
Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg vient de donner le coup d'envoi de ce vaste programme que l'on ne fait que découvrir en France mais qui est déjà en place aux Etats-Unis. Le but du jeu est de rattraper le temps perdu pour éviter de se faire manger par les géants d'Internet Google, Apple ou encore Amazon qui brassent déjà des milliards de données informatiques nous concernant.
En présentant les premiers des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle, Arnaud Montebourg a insisté sur ce programme Big Data qui est l'analyse de données informatiques pour améliorer la connaissance des clients, anticiper les besoins du marché ou favoriser la communication des objets connectés. C'est un très gros dossier qui pose de nombreuses questions dont deux principales : la taille du marché et le respect de la confidentialité des données personnelles.
80.000 nouveaux emplois
Si on se cantonne au marché français, il devrait représenter près de 9 milliards d'euros à l'horizon 2020 avec un potentiel d'emplois estimé à plus de 130.000 personnes, dont environ 80.000 emplois nouveaux, le reste étant des postes réorientés. Au niveau européen, Bruxelles estime que le marché de l'information publique pourrait bientôt atteindre 140 milliards d'euros par an avec son cortège de créations de petites entreprises de service. L'objectif est de positionner la France comme un leader mondial et de favoriser un système industriel compétitif dans le traitement des données.
Des entreprises déjà sur les rangs
Il y a les chefs de fil de l'opération. En France, ce sont les groupes Capgemini et Exalead (filiale de Dassault Système). Le Big Data c'est une véritable arme de guerre dans la compétition économique mondiale, dans tous les secteurs d'activités. Aujourd'hui, les projets les plus aboutis émanent de l'opérateur télephonique Orange, La Poste ou GDF-SUEZ, mais aussi du monde de l'assurance qui est en première ligne. Le fait de pouvoir croiser les données clients est un outil absolument redoutable sur le plan concurrentiel.
Confidentialité
Pour la garantir, la règlementation doit évoluer. Aujourd'hui, le croisement des données est autorisé quand des projets sont bien définis. Ce qui n'est pas le cas du Big Data qui repose sur le brassage d'informations tous azimuts sans projet prédéfini. Comment encadrer tout cela ? Comment définir l'utilisation des données publiques (aux Etats-Unis par exemple, le recoupement des informations concernant les incendies et les habitations salubres ou insalubres – on touche là à l'intimité des foyers – a permis de faire baisser très sérieusement le taux de sinistralité). Enfin, il y a la dimension psychologique et culturelle ! L'administration française très centralisée acceptera-t-elle de suivre le mouvement ? A voir.
C'est à un véritable phénomène créatif auquel nous nous sommes en train d'assister mais qu'il convient de bien cadrer pour éviter toutes dérives. Cette question du Big Data fera l'objet d'une attention particulière dans le projet de loi numérique qu'est en train de préparer la secrétaire d'Etat en charge de l'économie numérique Axelle Lemaire. Le texte ne devrait pas voir le jour avant la fin de cette année, voire début d’année prochaine.
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