Cet article date de plus de dix ans.

Comment rendre la France plus attractive sur le plan économique ?

Jean-Marc AYRAULT a reçu hier soir à dîner à Matignon les patrons d'une trentaine d'entreprises internationales, prélude au Conseil de l'attractivité que le Président de la République, François Hollande, réunit aujourd'hui à l'Elysée. C'est la suite logique du fameux Pacte de responsabilité.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Aujourd'hui
quelque 20.000 entreprises étrangères et leurs filiales sont implantées dans
l'hexagone et représentent le 1/4 de l'emploi salarié. Il y a quelques
semaines, une cinquantaine de patrons de filiales de grands groupes
internationaux publiait une tribune dans la presse économique pour tirer le
signal d'alarme. Ils ont de plus en plus de mal à convaincre leur maison-mère
d'investir en France, tout simplement par manque de visibilité. On
peut toujours invoquer les chiffres mais ils sont sujet à polémique : les
investissements directs étrangers ont reculé l'an dernier de 77% selon la
CNUCED. Dont acte. En 2011, 56% des investisseurs américains avaient une perception
positive de la France, ils n'étaient plus que 13% l'an dernier, selon la
Chambre de commerce américaine en France. Mais ce ne sont que des chiffres.

Selon-vous,
ils ne sont pas parlants ?

Comme
toujours, les enquêtes d'option reflètent un état d'esprit immédiat. Si l'on
considère ces chiffres sur la durée, on s'aperçoit que la tendance est réellement
alarmante. Il y
a dix ans, les investissements directs étrangers en France représentaient
environ 5 fois ceux de l'Allemagne. Aujourd'hui c'est l'inverse. Tendance
de long terme. Il serait injuste d'accuser l'actuel gouvernement d'être seul
responsable, mais le mouvement s'est amplifié ces 18 derniers mois avec des signaux
négatifs : la taxe de 75% sur les plus hauts salaires, les zigzags de la
politique fiscale, la Loi Florange sur la reprise des sites industriels
rentables. La confiance est clairement rompue.

Peut-on-dire
que c'est mieux ailleurs en Europe ?

Prenons
un seul exemple : en Espagne aujourd'hui, le taux de profit des entreprises est
1,5 supérieur à celui de la France. Dans ces conditions, pourquoi une
entreprise étrangère viendrait investir chez nous ? Sans compter le faible taux
d'investissement de nos propres entreprises. Si les boîtes tricolores freinent
des quatre fers, pourquoi les sociétés internationales seraient plus convaincues
de venir ici ?

Mais
de quelles marges de manœuvre dispose le Président de la République pour
remettre le train en marche ?

En étant plus réaliste que politique. Qui fait tourner l'économie
mondiale aujourd'hui ? Une centaine de banques et quelque 30.000 entreprises.
Elles assurent à elles seules le 1/3 de la richesse mondiale et les 2/3 des échanges
commerciaux. Un gouvernement qui prend des mesures de politique économique
s'adresse en réalité, non pas à des millions d'acteurs mais à quelques milliers
seulement. Et ces banques, ces grands groupes, recourent aux meilleurs cabinets
pour les conseiller en matière d'investissement. Il est évident que ces
cabinets orientent les entreprises vers les pays les plus attractifs. Donc, ce n'est pas en faisant la danse du ventre que l'on va
attirer les investisseurs mais en décidant et appliquant immédiatement un vrai
pacte de responsabilité. Un vrai pacte de responsabilité formation et d'investissements
plutôt que demander des contreparties inatteignables. Dans cette perspective, c'est
aussi aux partenaires sociaux de montrer l'exemple.

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