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Crise de la dette : quel pare-feu pour l'Europe ?

Les ministres des Finances de la Zone euro se réunissent aujourd’hui à Copenhague pour se mettre d’accord sur le montant du fonds de secours européen. C’est, normalement, un des derniers épisodes du plan de sortie de la crise.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
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Parmi les principaux épisodes, il y a déjà eu le sauvetage de la Grèce, le lancement de la recapitalisation des banques et la règle d’or budgétaire. Cette fois, il s’agit de trouver le juste montant du ‘’pare-feu’’ censé, comme son nom l’indique, éviter qu’un nouvel incendie financier ne lamine l’Europe. Comme le rappelle notre ministre des Finances François Baroin : ‘’le pare-feu, c’est l’équivalent du nucléaire sur le plan militaire : c’est fait pour ne pas être utilisé, c’est de la dissuasion’’. Bien dit… si ce n’est que les sommes à mobiliser ne relèvent pas de l’argent de poche et que l’initiative risque d’être interprétée par les citoyens européens comme un nouveau mouvement de panique.

Et une nouvelle fois, la France et l'Allemagne ne sont pas la même longueur d'onde.

Pour Paris, le pare-feu en question doit être doté d’au moins 1.000 milliards d’euros (il ne s'agit pas d'argent sonnant et trébuchant mais de montants mobilisables en cas de besoin). 1.000 milliards au total, donc, selon la France mais hier soir le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble, a jugé inutile de passer la barre des 800 milliards. 500 milliards d'euros bientôt mobilisables à travers le MES (Mécanisme Européen de Stabilité qui sera activé en juillet)… à quoi il faut ajouter les quelque 200 milliards déjà dépensés pour la Grèce, l’Irlande et le Portugal, plus un reliquat disponible dans les caisses du Fonds Européen de Stabilité appelé à disparaître. Inutile d’aller plus loin estime le ministre allemand des Finances qui pourrait prendre la tête de l’Eurogroupe dans quelques mois en remplacement du luxembourgeois Jean-Claude Juncker. L’image du père de famille bon gestionnaire n’est donc pas innocente.


Et puis cette réunion de Copenhague intervient au moment où l’inquiétude grandit à l’égard de la santé économique et financière de l’Espagne.*

Face à une économie sinistrée (le taux de chômage espagnol approche les 23%, 48% pour les jeunes), le gouvernement de Mariano Rajoy (qui fête justement ces 100 jours de pouvoir) doit annoncer tout à l'heure une réduction de plus de 3 points du déficit public cette année, soit entre 50 à 60 milliards d’euros d’économies à réaliser. Mais il est un autre message que la réunion de Copenhague doit délivrer. Il est destiné aux BRICS réunis au sommet à New Dehli. Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud attendent des engagements forts de la part de l'Europe avant de lui prêter de l’argent. Les pays émergents entendent montrer leur force au tout puissant FMI qui peine à leur donner plus de pouvoirs.

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