Edf, l'impossible gouvernance
Les échéances se précisent pour l’électricien et cette semaine est à marquer d’une pierre blanche dans un carnet de vicissitudes déjà bien rempli. EDF est à la croisée des chemins, entre un secteur énergétique qui conditionne les programmes politiques et la nécessaire adaptation de la gouvernance de l’entreprise.
Aujourd’hui à l’Elysée, on fait le point sur les mesures prévues pour aider le groupe sur le plan financier à moyen et long terme : trajectoire financière d’EDF et construction de deux réacteurs nucléaires EPR d’Hinkley-Point, en Grande-Bretagne, après le rachat à Areva de cette activité aujourd’hui plombée.
Vendredi, EDF tiendra un important conseil d'administration pour entériner probablement un nouveau plan d'économie après les 3.500 suppressions d'emplois déjà annoncées d'ici à 2018.
Gouvernance difficile, voire impossible ?
Cette gouvernance est à deux niveaux : la direction de l’entreprise en tant que telle, et la gestion du contexte énergétique global.
Sur le plan de l’entreprise, l’actuel PDG Jean-Bernard Lévy (ex Vivendi) avait été appelé à la rescousse en 2014 pour redresser la barre. Homme de la situation car, notamment, fin connaisseur des nouvelles technologies, très important à l’heure des smartgrids, les réseaux intelligents de transports d’électricité.
Jean-Bernard Lévy a un rôle pivot entre un Etat actionnaire à 85% – qui réclame les dividendes chaque année – et une opposition interne au projet Hinkley Point jugé trop coûteux (24 milliards d’euros). On se souvient de la démission du directeur financier, Thomas Piquemal, début mars, pour désaccords stratégiques profonds.
Contexte énergétique
Simple équation : la baisse des prix de l’électricité ne permet plus à EDF de faire face à ses échéances financières. Son endettement atteint une quarantaine de milliards d'euros.
Selon l’économiste Patrice Geoffron – directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières de l’Université Paris-Dauphine, les nuages qui planent aujourd'hui sur le groupe s’expliquent par un syndrome bien français : un engagement de campagne électorale de réduire de moitié la part du nucléaire sans garantie parallèle sur le financement de nouveaux investissements.
EDF ressemble aujourd’hui au France Telecom des années 2000 où l’opérateur historique avait atteint un niveau d’endettement record pour se préparer à l’arrivée de la concurrence. EDF doit affronter à la fois l’arrivée de nouveaux opérateurs et un secteur énergétique en pleine mutation… challenge qui impose à l’Etat de passer du statut de simple actionnaire-rentier à celui de vrai visionnaire.
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