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En Europe, la crise n'est pas une fatalité

Après avoir touché le fond pendant la crise, certains pays redressent la tête plus vite que d'autres. Plusieurs signaux sont apparus récemment. Cela montre qu'il n'y a pas de fatalité en Europe.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Il y a quelques jours, l'agence Standard & Poor's a relevé les notes à la fois de Chypre et de l'Espagne. On pense ce que l'on veut de la pertinence des agences de notation très décriées... le fait est que ces appréciations traduisent une réalité : des économies jusqu'alors jugées moribondes se redressent progressivement.

Comment on explique cela ?

Chypre rassure par ses capacités à mettre en œuvre les réformes demandées par la communauté internationale. Quant à l'Espagne, elle bénéficie d'un début de reprise économique grâce notamment aux exportations. Au troisième trimestre, Madrid est sortie de la récession dans laquelle elle était plongée depuis 2 ans. L'Espagne exporte à nouveau, elle est redevenue compétitive. A défaut de pouvoir jouer sur l'euro, l'Espagne a utilisé la variable salaires. Ces derniers ont stagné, voire un peu diminué dans les secteurs où le pays savait qu'il pouvait gagner des parts de marché à l'international comme l'automobile. Dévaluation compétitive par les salaires, certes, mais l'Espagne est aujourd'hui en mesure de damer le pion à la France dans les pays d'Europe de l'Est ou en Amérique latine. A ce rythme, et malgré les importantes manifestations, les efforts consentis par les Espagnols sont en train de préparer leur récompense de demain.

Autre exemple, cette fois dans les pays du Nord. L'Islande va alléger la dette qui pèse sur les ménages.

Les ménages qui avaient souscrit un prêt immobilier à taux variable avant la crise. Les taux ont flambé et les ménages se sont retrouvés le couteau sous la gorge. Le gouvernement a décidé d'alléger leur fardeau jusqu'à 24.000 euros par foyer... cela lui coûtera 900 millions sur 4 ans. Et l'équipe au pouvoir va aller chercher l'argent où il se trouve : en taxant les banques et les fonds qui gèrent leurs actifs... ces établissements qui avaient plongé le pays dans la déroute en 2008. Telle la bête blessée, l'Islande - un des pays qui a le plus souffert de la crise avec un repli de son PIB de 10% - prend le taureau par les cornes. 1/ En taxant les banques, le gouvernement islandais est pratiquement sûr de soutenir les ménages sans accroître la dette publique ; 2/ cela va redonner du pouvoir d'achat aux islandais ; 3/ cela va contribuer au redémarrage économique du pays.

Si c'est aussi simple, pourquoi ne le fait-on pas en France ?

Les ordres de grandeur sont différents : l'Islande, ce sont 350.000 habitants et pas 66 millions. Proportionnellement, en pourcentage, le taux d'endettement par foyer est pratiquement identique entre la France et l'Islande mais en valeur il est beaucoup plus important chez nous. Selon la Banque de France, l'encours des crédits à l'habitat dans l'hexagone atteint 800 milliards d'euros. (40% du PIB), sans pour autant peser dans les dossiers de surendettement. Le problème de la France est ailleurs : dans le train de vie publique. Et ce, depuis plusieurs décennies. Pour relancer notre compétitivité, il faut lutter contre la dette, donc faire des économies. A chaque mal son remède, tout est question de volonté et de courage.

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