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En soutenant le 49-3, Pierre Gattaz rompt-il le dialogue social ?

Comme prévu, le Premier ministre Manuel Valls a eu de nouveau recours à l’article 49-3, mardi 16 juin, pour avancer rapidement sur la loi Macron pour "la croissance et l'égalité des chances économiques". L'épisode va laisser des traces jusque dans le dialogue social.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  ("Je soutiens le 49-3 si ça permet d'aller dans la bonne direction", a déclaré le président du Medef, Pierre Gattaz © MaxPPP)

Le seul passage en force du Premier ministre n’est qu’un élément du puzzle. Un autre épisode n'est pas passé inaperçu et il est lourd de sens : le président du Medef, Pierre Gattaz,  applaudissant à tout rompre au recours à l’article 49-3. Même une partie de la droite n'en est pas revenue et s'est montrée critique envers cette position prise par le leader patronal.

 

Le texte d’Emmanuel Macron est favorable aux entreprises. En quoi l'attitude de Pierre Gattaz est-elle étonnante ?

 

En soutenant ainsi le chef du gouvernement, le patron des patrons avalise le fait que certaines dispositions de la loi Macron puissent être entérinées sans même avoir été discutées par les partenaires sociaux. C'est le cas notamment du plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif dans les PME et TPE.

Carton rouge ! En tant que représentant des entreprises, le président du Medef se doit d’être l’un des principaux garants du dialogue avec les syndicats, incontournable pour que la machine tourne normalement. C’est le b.a.-ba de la démocratie entrepreneuriale.

 

Pierre Gattaz est-il allé plus loin que ses prédécesseurs ?

 

Oui. Même Laurence Parisot – qui l’a précédé à la tête du Medef – n’était pas entrée dans ce jeu. En 2008, alors que le ministre du Travail Xavier Bertrand voulait passer en force pour réformer quelques points des 35 heures, Madame Parisot s’y était opposée invoquant un déni de démocratie.

On franchit clairement un pas supplémentaire. Le passage en force d’un premier ministre de gauche sur une loi économique libérale, plus un patron des patrons qui fait clairement un écart aux convenances… la victime collatérale, c’est le dialogue social, déjà mis à mal en janvier dernier avec l’échec d’importantes négociations sur les discussions dans les entreprises.

Tout cela ne sent pas très bon. D’autant que la prochaine cible du Ministre Emmanuel Macron, c’est le Code du travail. Une réforme, elle aussi, nécessaire et incontournable… une autre paire de manche.

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