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Gestion de l'assurance chômage : l'avenir du paritarisme en question

Patronat et syndicats se retrouvent ce jeudi 16 juin pour une dernière réunion de négociations sur l’avenir du régime d’assurance chômage. La convention Unedic, qui fixe les règles d’indemnisation des chômeurs, expire le 30 juin. Il faut la renouveler mais personne n’est d’accord sur les moyens d’y parvenir.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (Manifestation contre la nouvelle convention chômage, octobre 2014 © SEVGI/SIPA)

Sauf miracle de dernière minute, on se dirige tout droit vers un échec. Le président du Medef souffle le chaud et le froid. Il y a quelques jours, Pierre Gattaz se disait prêt à assumer un échec. Mercredi, il déclarait qu’il ferait tout pour trouver une solution d’ici ce soir et qu’il y passerait même la nuit de jeudi à vendredi s’il le fallait. Mais les carottes semblent bel et bien cuites.

Comme d’habitude, tout le monde se renvoie la balle

Les grèves et manifestations que connaît le pays depuis plusieurs semaines expliquent en grande partie cette radicalisation générale. Un échec des négociations serait vraiment un effet collatéral.

Le décor : un régime à bout de souffle, en déficit de 4,5 milliards d’euros et endetté à hauteur de 29 milliards. Les acteurs : les partenaires sociaux cogérants de l’Unedic. Enfin, le scénario : côté cour, les syndicats qui réclament une hausse des cotisations patronales, sur les CDD notamment, côté jardin, le patronat vend debout. Hors de question d’augmenter les cotisations quelques mois après que le gouvernement ait décidé une baisse de charges pour relancer l’emploi. De plus, taxer les CDD, cela reviendrait à pénaliser les PME et PMI pour qui les contrats à durée déterminée sont l’un des seuls moyens de rester flexibles face aux carnets de commandes en dents de scie. 

Comment s’écrit la suite du feuilleton

Quand les partenaires sociaux échouent, la règle veut que le gouvernement reprenne la main. Le dernier cas remonte à 1982. Aujourd'hui, cela serait la pire des solutions avec un statu quo assuré, moins d’un an avant l’élection présidentielle. La gauche au pouvoir qui a déjà sur le dos une grande partie de sa propre majorité ne peut pas, et ne voudra pas, prendre de risques. En résumé, l’Unedic est un moteur. Mais, il y a une grosse fuite d’huile. Non seulement des trous apparaissent dans toutes les durites, mais en plus on n’a plus d’huile à réinjecter. Cette situation a une cause et une conséquence, toutes deux fâcheuses. La cause : c’est la preuve – une de plus – que le dialogue social est totalement anéanti en France. La conséquence est que cet échec, s’il se confirme, pourrait bien marquer la fin du paritarisme à la française. Ce système de cogestion syndicats/patronat chèrement acquis au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, en 1946, suivi de la création de l’Unedic par le Général de Gaulle en 1958. Tout cela au nom de la démocratie sociale qui a aujourd’hui de sérieux bleus à l’âme.

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